Le dimanche du souvenir – Darragh McKeon
(Remembrance Sunday, 2023)
Belfond, 2023, 240 pages
Traduction de Carine Chichereau
Simon est Irlandais mais vit à New
York. Alors qu’il doit être opéré pour traiter son épilepsie qui a ressurgi
récemment, il comprend qu’il ne peut faire l’économie d’une confrontation avec
un événement qui l’obsède, en lien avec un attentat de l’IRA.
Le second roman de Darragh McKeon suit
une construction un peu déstabilisante, que j’ai trouvé parfois trop éparpillée
pour la cohérence d’ensemble. Le début du texte en est un exemple marquant et
je me suis demandée, un temps, quel était le rapport entre ce que je lisais et
la 4ème de couverture. En définitive, il ne faut pas trop essayer de
comprendre chaque sous-fil narratif, l’intérêt de ce livre étant ailleurs.
En effet, l’histoire est relativement
banale sur ce sujet et les personnages sont assez lambda aussi. En revanche, le
regard de l'auteur, sa capacité à restituer des sentiments très fins et les
nuances sont absolument remarquables. Le traitement de l'identité est à la fois
constamment présent dans la trame et très discret ; globalement, cette
subtilité est la grande force de l'auteur. Il porte un regard fin sur
l'humanité et distille une vision de l'autre à la fois neutre et empathique.
Cela se traduit par la capacité de l'auteur à se mettre dans la peau de divers
personnages et de les traiter tous pareillement. La simplicité de l’écriture
met en relief la complexité du fond, des choix que nous faisons et qui dessinent
une vie.
Finalement, ne pas avoir trouvé les personnages et
l’histoire très intéressants s’est révélé un atout : l’attention se porte
ailleurs, sur l’état d’esprit qui porte ce roman, sur la réflexion générale qu’il
offre, sur sa qualité indiscutable.
Le dimanche du souvenir confirme tout le bien que je pensais de l'auteur depuis ma lecture de son premier roman, Tout ce qui est solide se dissout dans l'air. Darragh McKeon est un écrivain virtuose qui a un don pour, à partir d’un fait historique précis, nous tendre un miroir universel. Je ne peux que vous encourager à le découvrir si ce n’est déjà fait.