Tour d’horizon – Kathleen Jamie
(Sightlines, 2012)
Editions La Baconnière, 2019, 224 pages
Traduction de Ghislain Bareau
Livre au genre assez indéfinissable,
entre récits autobiographiques et essais, Tour d’horizon est marqué par
une voix singulière. Ces textes ont pour point commun « le monde naturel »
(cf éditeur), plus particulièrement animal, sous forme d’observations de l’autrice
lors de ses différentes expéditions (essentiellement en Ecosse et dans les îles
alentours).
Si j’ai beaucoup apprécié les situations
décrites, témoignant d’une certaine curiosité de Jamie pour le monde qui l’entoure,
j’ai regretté que ces textes soient autant descriptifs et trop superficiellement
prolongés par des réflexions et analyses. En effet, si l’autrice est très
observatrice, on a parfois le sentiment qu’elle ne conclut rien (ou pas grand-chose)
de ces examens ou alors, quelque chose de très surprenant, sans rapport évident
avec le reste du texte.
Pour autant, j’ai une appétence
pour ce type d’essais basés sur le vécu (et j’en profite pour recommander les
recueils de Leslie Jamison, aux thèmes très différents) et j’ai dévoré ce recueil
dont la thématique naturaliste (mais aussi archéologique) ne pouvait que me séduire.
Une conclusion en particulier a
attiré mon attention. Après avoir décrit en long, en large et en travers une
colonie de fous de bassan et son environnement, l’autrice constate que la nature
(animale et végétale) est soumise à une « obligation impérieuse – se reproduire ».
Elle met en parallèle, en reprenant les mots d’un naturaliste, le fait que les
femmes en bonne santé et jouissant d’un certain confort matériel vont
naturellement choisir d’avoir peu ou pas d’enfants (la réflexion du naturaliste
va au-delà et s’avère particulièrement intéressante et réjouissante).
Enfin, j’ai aimé les textes sur
Saint-Kilda (dont j’ai connu l’histoire grâce A l’ouest du monde de Kenneth Steven, un livre malheureusement épuisé) et les Hébrides qui m’ont
rappelé L’Ecart d’Amy Liptrot qui se déroule de l’autre côté de l’Ecosse
dans les Orcades. Ces textes ouvrent l’imagination, dépaysent tout en nous
ramenant à l’expérience humaine.
Je recommande chaudement la lecture
de ce recueil qui mériterait d’être plus connu. Quant à moi, je compte lire Strates
à moyen ou long terme, un autre corpus du même ordre.
(De façon accessoire mais essentielle, j'ai adoré la couverture souple, légèrement granuleuse et "cirée", facile à vivre et agréable en main.)