Saul Indian Horse, indien ojibwé,
nous raconte son histoire, de ses souvenirs d’enfant quand il vivait encore
avec sa famille, à son passage par un pensionnat autochtone, type d’établissement
qui a fait l’actualité récemment,
puis à sa découverte du hockey jusqu’à son arrivée dans un centre de
désintoxication.
Je ne saurais dire exactement ce
qui m’a embarquée dans ce livre mais une chose est sûre, j’étais ferrée avant d’en
avoir pleinement conscience et, plusieurs jours après l’avoir fini, je suis
encore dedans. C’est que le narrateur, Saul, est une personne attachante et que
Wagamese a un style très visuel qui nous projette immédiatement dans l’action
et sur les lieux. De nombreux personnages secondaires sont également
intéressants et, bien entendu, le contexte l’est lui aussi. Il faut aussi
compter sur la capacité de l’auteur à transmettre l’intériorité de Saul, ce qui
n’était pas le plus simple étant donné les épreuves traversées et la complexité
du personnage. Enfin, l’issue et certains détails de l’histoire restent
constamment incertains et nous maintiennent dans l’attente au fil des pages.
« Ils nous ont appris à
nous cacher de nous-mêmes ».
Qu’écrire de plus si ce n’est que
l’histoire est poignante – à certains moments, j’ai dû poser mon livre pour
reprendre mes esprits - et que la grâce ambivalente qui habite Saul quand il se
plonge dans le hockey résonne longtemps après la dernière page tournée.
Un livre qui dit combien une vie
peut être piétinée (par la perte de sa famille, le racisme, les brimades et violences
diverses dont celle consistant à nier votre culture, votre essence même) mais
aussi qu’une rédemption est possible et que chacun doit chercher seul son
destin.
Un roman superbe et essentiel.
(un seul regret : que le plan d’un terrain de hockey ne soit fourni qu’à la fin alors que cela aide probablement à la compréhension des descriptions de matchs, même quand on n’en a rien à faire du hockey)