A perdre haleine – Josie Shapiro

A perdre haleine – Josie Shapiro
 A perdre haleine – Josie Shapiro
(Everything is beautiful and everything hurts, 2023)
Éditions JC Lattès, 2024)
Traduction de Carole d’Yvoire

 

Michelle, dite Mickey, Bloom mesure 1,50 mètre, est dyslexique et peine à trouver sa place au cœur d’une famille désunie. Un jour, presque par hasard, elle gagne une course à pied et pense avoir trouvé sa vocation. Mais Mickey va découvrir que le prix du succès nécessite des renoncements qui peuvent être mortifères. Des années plus tard, alors qu’elle reste près de sa mère gravement malade, elle envisage de courir à nouveau.

 

Je n’aurais jamais dû lire ce livre ; il m’était impossible de ne pas le lire. La bibliothèque l’a mis en avant à l’occasion des JO que je vomis presque littéralement ; le titre original est poétique (mais flou), quand le français donne une idée de pénibilité repoussante mais évocatrice, de même que sa couverture agrémentée d’une coureuse mais dont les éléments rose bonbon m’auraient fait fuir à plus grande distance. Il a suffi que je lise la 4ème pour que ma curiosité soit piquée.

À peine ouvert, le livre m’a happée tout entière et je l’ai adoré de la première à la dernière page – même la toute fin correspond parfaitement aux attentes que j’ai fini par nourrir au fil de ma lecture. Que dire si ce n’est que Josie Shapiro réussit l’exploit de cumuler une héroïne incroyablement attachante, une intrigue très bien construite et un fond engagé à plusieurs titres. Et en plus l’ensemble est subtil : l’autrice défend des convictions sans pour autant tomber dans la caricature ou en faire des tonnes mais les messages sont très clairs.

Le roman est également un exemple d’équilibre que le titre original résume finalement bien : c’est beau et ça fait mal à la fois. Il témoigne aussi bien de la quête d’affection de Mickey dont le père est un sombre connard, de son besoin de trouver du réconfort auprès des autres, et d’une société qui traite les femmes comme des marchandises : le corps telle une machine, un objet de désir ou de répulsion, le sexisme dans toutes ses composantes qui fait que la vie des femmes est définitivement différente de celle des hommes.

Une meilleure culture néo-zélandaise m’aurait certainement permis de mieux profiter de certains aspects mais, sans cela, le livre est déjà un pur régal.

Je recommande cette lecture à tous et compte déjà lire le prochain livre de l’autrice – en chantier si j’ai bien compris – quel qu’en soit le sujet ; dans l’intervalle, j’espère que ce livre fera son chemin en France tant il peut apporter à chacun de nous, sportif ou pas, en bon roman d’apprentissage qu’il est.

(J’ai eu le plaisir d’apprendre que parmi les livres que l’autrice aime et recommande figurent Cold Enough for Snow de Jessica Au, un bijou de délicatesse, et The Garden of Evening Mists de Tan Twan Eng, un bouquin inoubliable de beauté et d’horreur – les deux existent en français)