Jin-yi consacre sa vie à l’étude
des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une
villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui
les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le
pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à
l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps
de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux
êtres.
Les fictions qui prétendent
s’emparer des relations entre les humains et les autres espèces animales sont,
de par mon expérience, aussi mauvaises que prétentieuses. Généralement, le
livre s’avère soit antispéciste, soit une thèse déguisée en une fiction
maladroite. J’ai donc résisté quelques années avant de céder aux sirènes de cet
ouvrage.
Si le style est peu engageant, le
fond, l’approche, la fin ont balayé toutes les réticences issues de mes
précédentes expériences.
L’histoire est passionnante ;
elle alterne les points de vue de Jin-yi (dans le corps de Jin) et de Minju, un
jeune qui m’a lui aussi conquise en dépit de son profil de loser. L’autrice
nous immerge dans les pensées de ses personnages ; elle nous fait vivre en
particulier la situation de Jin-yi, esprit dans un corps autre que le sien :
nous partageons ses interrogations, ses peurs, ses espoirs mais aussi son
empathie et sa capacité d’adaptation. Quant à Minju, il se révèle à lui-même au
fil des expériences ; ce cheminement possède son intérêt propre.
Plus largement, c’est un livre
qui nous invite à dépasser notre vision du monde, à donner le meilleur de
nous-mêmes dès à présent et à être véritablement inclusifs.
Ce roman est captivant et
bouleversant ; je compte déjà le relire et en recommande la lecture au
plus grand nombre.