Roach, libraire à Londres, gère son
rayon true crime d’une main de maître. Ses passions : les meurtres non
élucidés, les escargots, la mort. Dans la librairie en déclin, débarquent un
jour de nouveaux libraires pour une reprise de la dernière chance. Parmi eux,
Laura, employée modèle, poète à ses heures perdues, un rayon de soleil face à
la sombre Roach. Entre elles, un jeu de fascination et de répulsion s’installe.
Et Roach, intriguée par la perfection de façade de Laura, commence à fouiller
dans sa vie, jusqu’à aller trop loin.
La présentation éditeur parle d’un
« contrepied ironique aux romans feel good » et c’est ce qui
m’a incitée à me pencher sur ce roman. En revanche, difficile de déterminer si
j’ai aimé ou pas dans l’ensemble.
Ce qui m’a gênée, c’est qu’autant
« contrepied » qu’il soit, ce roman est très imprégné du « style feel
good » : simple à lire, il est aussi simple sur le fond (autrement
dit, basique et superficiel, même quand il soulève des sujets forts, ce qui est
frustrant), attaché aux codes sociaux de la société contemporaine (notamment, les
rites du quotidien, en particulier des populations urbaines ou encore l’apparence – par
moment, j’avais l’impression de m’être perdue sur Instagram), l’accent porté sur
l’émotionnel (tout est psycho-drame), etc. Cela dit, je conçois que cette
approche fait partie du jeu, même si j’en ai été agacée.
Un autre point qui m’a pesé vient des
personnalités des deux narratrices : elles sont aussi caricaturales l’une
que l’autre et aussi insupportables. Roach est d’une immaturité abyssale et la
volonté de l’opposer à Laura conduit l’autrice à forcer un peu trop le trait.
Disons que le second degré ne me semble pas justifier un antagonisme aussi
poussé et je n'aurais pas été contre un peu de subtilité.
« Il n’y avait pas de clients
pour venir m’interrompre et m’emmerder avec leurs questions. Le rêve, quoi. »
Pour le reste, on passe un bon moment
et, exception faite de la réserve ci-dessus, le contrepied est bien pensé (amis
du 1er degré passez votre tour !). En
particulier, un côté qui m’avait incité à lire le texte, à savoir le contexte
fantasmé de la librairie : Alice Slater remet les pendules à l’heure et ne
romantise pas du tout le job (et ça fait du bien). J’ai aimé aussi certaines
remarques bien vues, l’humour qui transparaît, l’énergie de l’écriture, la
façon de décrire une personne qui perd pied, la mise en scène du processus de
harcèlement et les jeux de pouvoir. Pas mal de choses finalement !
En résumé, c’est une lecture de
détente plaisante qui mérite le détour mais qui sera vite oubliée par manque de
profondeur.