Premier roman de l’auteur, paru
en 1926, Mont-Cinère témoigne déjà d’une maîtrise narrative impressionnante,
même si imparfaite, et d’un style classique et posé.
Si vous avez l’occasion d’avoir
un exemplaire en main, ne lisez pas la 4ème car elle raconte le
dénouement, alors même que Green consacre une belle énergie à nous tenir en
haleine et à organiser des revirements de situation tout au long du roman.
Mont-Cinère est le nom de la
propriété dans laquelle Emily est née et a grandi : elle ne connaît rien
d’autre au monde et elle tient ce lieu pour une merveille à préserver. Elle vit
avec sa mère, son père étant décédé, et les deux femmes ne se supportent pas.
La mère est obsédée par les économies ; traumatisée par une enfance
pauvre, elle est malade à l’idée de dépenser le moindre sou. Aussi ne
chauffe-t-elle pas la bâtisse, entre autres économies. Emily lui reproche
d’avoir ôté au lieu sa magnificence et de l’élever dans une pauvreté indigne.
Dans cette ambiance à couteaux tirés, l’arrivée de la grand-mère ne fait qu’exacerber
les tensions.
Il m’a été quasi impossible de
lâcher le livre une fois commencé ! Roman psychologique dotée d’une
intrigue dynamique, il révèle l’acuité de Green aussi bien quant à sa
perception de la nature humaine que dans sa capacité à la mettre en scène. L’auteur
montre également ses talents dans l’organisation d’une intrigue, certes simple
mais dont l’agencement des scènes est crucial pour créer une tension quasi sans
répit.
Mont-Cinère met en scène des
êtres misérables dans leur façon d’appréhender la vie ; leurs perspectives
sont limitées à un seul aspect : la possession matérielle et les rapports
de domination. C’est violent et fascinant !
Si la fin est un peu faible,
voire expéditive, le reste vaut largement la découverte. C’est un roman que je
recommande chaudement.