L’homme au complet gris – Sloan Wilson

 

L’homme au complet gris – Sloan Wilson

L’homme au complet gris – Sloan Wilson
(The Man in the Gray Flannel Suit, 1955)
Editions 10-18 (initialement Belfond, collection Vintage), 2017, 455 pages
Traduction de Jean Rosenthal

 

Tom Rath a fait la guerre mais, désormais, tout cela est derrière lui : il a un travail, une très jolie épouse, trois enfants et une maison dans la banlieue new-yorkaise.  Mais dans l’Amérique des années 50, seuls l’ambition et le salaire définissent la valeur d’un homme. C’est pourquoi Tom postule pour un emploi au sein d’une grande compagnie de médias ; cela va l’obliger à se demander ce qu’il veut vraiment. Il va également être amené à se replonger dans son passé de soldat et à se confronter à des souvenirs qu’il aurait préféré ignorer car ils n’ont plus leur place, pense-t-il, dans son quotidien de temps de paix.

L’homme au complet gris est un roman qui se mérite. En effet, si certaines de ses qualités sont évidentes, son côté existentiel peut s’avérer pesant. Par ailleurs, il est très marqué par son époque (et à ce titre, a un intérêt historique indéniable), ce qui peut être un peu déconcertant vu du XXIe.

Le roman décrit le quotidien d’un homme quelconque, archétype de la classe moyenne américaine des années 50 : ce n’est pas franchement passionnant ! Et comme l’intrigue comprend quantité de détours et de détails, elle fait pas mal de surplace. Or ce temps qui semble long, ces tergiversations, ces décisions qui n’arrivent pas aussi vite qu’on le voudrait ou qui ne sont pas aussi tranchées qu’il le faudrait ne font que reproduire nos vies.

Les personnages sont très attachants et le style agréable et simple, ce qui aide à s’accrocher. Si Tom tient à réussir socialement, il veut aussi assouvir des aspirations personnelles et ses introspections sont sincères ; il m’a été sympathique. Écrasé par son époque qui veut qu’un homme fasse vivre sa famille à lui seul, par l’idée qu’il a le droit d’avoir une vie parfaite en récompense de ses sacrifices pendant la guerre, Tom est tellement soumis à la pression de la société qu’il ne sait plus reconnaître ses envies profondes.

En définitive, L’homme au complet gris est un bouquin vraiment subtil, qui mérite d’être lu. Très équilibré émotionnellement et habité par une réflexion fine, ce bouquin pas banal et sorti tout droit d’une autre époque est étonnant ; il méritera probablement une seconde lecture.