Tom Rath a fait la guerre mais, désormais,
tout cela est derrière lui : il a un travail, une très jolie épouse, trois
enfants et une maison dans la banlieue new-yorkaise. Mais dans l’Amérique des années 50, seuls l’ambition
et le salaire définissent la valeur d’un homme. C’est pourquoi Tom postule pour
un emploi au sein d’une grande compagnie de médias ; cela va l’obliger à
se demander ce qu’il veut vraiment. Il va également être amené à se replonger
dans son passé de soldat et à se confronter à des souvenirs qu’il aurait
préféré ignorer car ils n’ont plus leur place, pense-t-il, dans son quotidien
de temps de paix.
L’homme au complet gris est
un roman qui se mérite. En effet, si certaines de ses qualités sont évidentes, son
côté existentiel peut s’avérer pesant. Par ailleurs, il est très marqué par son
époque (et à ce titre, a un intérêt historique indéniable), ce qui peut être un
peu déconcertant vu du XXIe.
Le roman décrit le quotidien d’un
homme quelconque, archétype de la classe moyenne américaine des années 50 :
ce n’est pas franchement passionnant ! Et comme l’intrigue comprend
quantité de détours et de détails, elle fait pas mal de surplace. Or ce temps
qui semble long, ces tergiversations, ces décisions qui n’arrivent pas aussi
vite qu’on le voudrait ou qui ne sont pas aussi tranchées qu’il le faudrait ne
font que reproduire nos vies.
Les personnages sont très attachants
et le style agréable et simple, ce
qui aide à s’accrocher. Si Tom tient à réussir socialement, il veut aussi assouvir
des aspirations personnelles et ses introspections sont sincères ; il m’a
été sympathique. Écrasé par son époque qui veut qu’un homme fasse vivre sa
famille à lui seul, par l’idée qu’il a le droit d’avoir une vie parfaite en
récompense de ses sacrifices pendant la guerre, Tom est tellement soumis à la pression
de la société qu’il ne sait plus reconnaître ses envies profondes.
En
définitive, L’homme au complet gris est un bouquin vraiment subtil, qui
mérite d’être lu. Très équilibré émotionnellement et habité par une réflexion fine,
ce bouquin pas banal et sorti tout droit d’une autre époque est étonnant ; il
méritera probablement une seconde lecture.