Comment parler de ce texte ?
Je l’ai lu deux fois en deux mois et compte le relire encore mais je ne sais
comment traduire en mots le choc et la beauté de l’expérience.
L’ayant découvert sans rien en
savoir de l’histoire, je ne peux que recommander de l’aborder de même pour en
ressentir d’autant plus la force, au fil de chaque phrase.
Faisant alterner les narrateurs
mais avec un focus central sur des personnages et une approche unifiée, Abysses
dégage une ambiance étrange. Les voix semblent parvenir de loin et les
principales ont un ton détaché. Cette approche apparemment déconnectée des
émotions à l’œuvre rend ces dernières d’autant plus fortes tout en créant une
distance salvatrice.
La brièveté du texte participe
aussi à sa puissance : tout est dit dans ses silences, l’attention reste
concentrée sur le cœur du message – toute information non essentielle aurait
dilué le propos. Il n’en reste pas moins que ce message se construit à l’aide
d’un ensemble de détails : le léger bruit des feuilles mortes qui révèle
le silence inhabituel, des anecdotes dont la banalité met en exergue la rupture
entre le quotidien routinier et le chaos.
Abysses recèle des phrases
qui coupent le souffle, cueillent à froid ; chaque mot compte, semble
choisi avec soin, nous conduit par la main jusqu’au dénouement. Peut-être que
ce texte tient aussi sa force de ce que fond et forme sont inextricablement
liés.
Ces pensées éparses ne rendent
pas justice à la novella mais sont les seules traces que je suis capable de
restituer. Une lecture marquante et bouleversante.