Abysses – Mary Swan

 

Abysses – Mary Swan
Abysses – Mary Swan
(The Deep, 2002)
Les Allusifs, 2014, 120 pages
Traduction de Marie Frankland

 

Comment parler de ce texte ? Je l’ai lu deux fois en deux mois et compte le relire encore mais je ne sais comment traduire en mots le choc et la beauté de l’expérience.

L’ayant découvert sans rien en savoir de l’histoire, je ne peux que recommander de l’aborder de même pour en ressentir d’autant plus la force, au fil de chaque phrase.

Faisant alterner les narrateurs mais avec un focus central sur des personnages et une approche unifiée, Abysses dégage une ambiance étrange. Les voix semblent parvenir de loin et les principales ont un ton détaché. Cette approche apparemment déconnectée des émotions à l’œuvre rend ces dernières d’autant plus fortes tout en créant une distance salvatrice.

La brièveté du texte participe aussi à sa puissance : tout est dit dans ses silences, l’attention reste concentrée sur le cœur du message – toute information non essentielle aurait dilué le propos. Il n’en reste pas moins que ce message se construit à l’aide d’un ensemble de détails : le léger bruit des feuilles mortes qui révèle le silence inhabituel, des anecdotes dont la banalité met en exergue la rupture entre le quotidien routinier et le chaos.

Abysses recèle des phrases qui coupent le souffle, cueillent à froid ; chaque mot compte, semble choisi avec soin, nous conduit par la main jusqu’au dénouement. Peut-être que ce texte tient aussi sa force de ce que fond et forme sont inextricablement liés.

Ces pensées éparses ne rendent pas justice à la novella mais sont les seules traces que je suis capable de restituer. Une lecture marquante et bouleversante.