Autour de la création (assez
floue) et du manuscrit des Illuminations (qui a connu plusieurs
propriétaires), les deux auteurs évoquent les figures de Rimbaud, Verlaine,
mais aussi Germain Nouveau, entre Paris, Londres et Bruxelles, l’Afrique et la
Provence.
Passionnée de Rimbaud (son œuvre mais
aussi l’homme, son parcours), je ne connaissais pas Nouveau et en étais
curieuse ; malheureusement, les poèmes que j’ai pu lire de lui ne m’ont pas du tout
convaincue et je ne m’étonne guère qu’il ait été oublié. De fait, l’argument de
certains selon lequel il aurait collaboré à la création des textes – et non qu’il
se serait contenté de les recopier – me paraît assez faible. Pour autant, le propos ici est
plus large, plus centré sur le trio finalement que sur l’œuvre dont on sait peu
de choses avec certitude.
J’ai beaucoup aimé ce livre, que
ce soit les dessins de Jean Dytar, son usage de la couleur, ou encore l’approche
narrative centrée sur la mise en parallèle des parcours des trois hommes (qui n’auraient
jamais été réunis tous ensemble). Le récit met également en avant que la
publication des Illuminations relève du miracle, tant le manuscrit a
failli être perdu, jeté, oublié par les uns et les autres, sans compter que
Rimbaud lui-même s’en est désintéressé aussitôt achevé, partant pour l’Afrique
et débutant une seconde « carrière ». J’ai apprécié aussi que les
auteurs n’essaient pas d’expliquer le changement de vie de Rimbaud.
Le récit est dynamique, les scènes
brèves ; il s’en dégage, étonnamment, une grande cohésion d’ensemble. Une
foule de détails ajoutent à la lecture une profondeur mais aussi du plaisir
gratuit.
En définitive, je recommande
chaudement cet album, à tous points de vue réussi.