Un metteur en scène de théâtre
doit garder son enfant un jour où la crèche est en grève. Il en profite pour
lui jouer sa mise en scène de la pièce de Shakespeare, La Tempête. Pendant
que madame est partie gagner le pain quotidien du foyer, notre intermittent au
chômage – faute de subventions, la pièce ne se montera pas – tente d’occuper sa
fille et de lui transmettre un peu de sa passion, tout en ronchonnant contre le
reste du monde.
Ce texte me laisse des
impressions très ambivalentes. J’ai aimé l’ambiance, le cadre : un huis
clos, le temps de l’enfance (avec sa sieste, sa concentration limitée, son
besoin de jeu), un orage (j’ai lu ce passage pendant un orage : je
recommande l’expérience). J’ai aimé l’évocation de l’univers de Shakespeare –
tout en songeant qu’un lecteur ne connaissant pas la pièce apprécierait moins
certains aspects.
En revanche, le ton geignard du narrateur m’a exaspérée. C’est toujours la même ritournelle de l’artiste contre le reste du monde, sans analyse nuancée ou même un peu renouvelée. Appeler à l’ouverture d’esprit envers ceux qui ne produisent pas, tout en déversant son ressentiment contre les autres – qui méprisent, évidemment, la culture – n’est pas une stratégie très fine. Le propos est finalement bien superficiel. Par ailleurs, le narrateur ne se remet pas en question un seul instant et se contente d’être arrogant, quand ce temps suspendu pourrait être l’occasion de prendre du recul sur soi.
C’était bien tenté d’amadouer les
lecteurs avec une gentille fillette mais, sur le fond, le récit ne donne pas
une bonne image de l’auteur – je le lisais pour la première fois et ne préjuge
pas de ses autres livres toutefois.