« Lorsqu’on commande un café à Naples,
on peut en régler un second indiqué sur l’ardoise du bar comme un café sospeso
: un café suspendu, offert à qui entrera sans avoir les moyens d’en payer une
tasse. […] Ce qu’on offre, ce n’est pas un café, c’est le monde
autour, du chahut à partager, des regards à croiser, des gens à aimer. »
Ce
roman est un patchwork d’histoires racontées par un écrivain français qui a
pris pour quartier général un café au-dessus duquel il habite. Il observe les habitués
et les autres, sert de confident, spécule et se révèle aussi en contrepoint. Ce
second aspect ne m’a pas vraiment passionnée mais ce n’est pas au cœur du
livre. Il y a aussi la volonté de raconter Naples qui là encore ne m’a pas
convaincue.
En
revanche, le concept même du récit est de ceux qui me séduisent d’office, ayant
moi-même un certain goût pour ces lieux où l’on peut se fondre dans le décor et
participer à distance au mouvement incessant. Cela est bien rendu par l’autrice,
de même que la chaleur humaine qui se dégage, la particularité des relations
entre inconnus qui se reconnaissent comme des habitués. L’écriture est agréable
car légère ; le texte se lit facilement. Certains personnages touchent
plus que d’autres. L’aspect disparate et éparpillé participe au charme de l’ensemble.
Le seul point qui m’ait vraiment gênée est la récurrence des conclusions en
forme de leçons, pas moralisatrices mais un peu insistantes et sans finesse.
Par ailleurs, les histoires sont souvent trop naïves à mon goût.
Pour
autant, j’ai pris grand plaisir à rencontrer ces personnages, à partager une
tranche de vie. Si j’apprécie habituellement les textes plus intenses, c’est
bien la narration aérienne qui a su me plaire ici. Une jolie rencontre.