Bastia, 1954 : Joseph, un garçon de douze ans,
pense devenir fou quand des voix s’invitent dans sa tête. C’est le début d’un
jeu de piste avec certains objets qui lui parlent et l’attirent. Secondé par
Mammò, l’arrière-grand-mère sage et révérée qui prend ce don comme une
malédiction, Joseph se plonge corps et âme dans la résolution des mystères
familiaux par l’entremise d’un anneau perdu, d’une vieille photo oubliée ou
d’un disque remisé dans un grenier.
Si j’ai été séduite d’office par cette présentation
(étrangement d’ailleurs car les « voix dans la tête » ne sont pas du
tout ma tasse de thé), je ne pensais pas être autant touchée par ce texte. Or
l’écriture sensible, l’histoire prenante et les personnages touchants vous
embarquent d’office dans un roman qui se dévore.
Les paysages, le soleil et
la mer, renforcent l’attrait de l’histoire : outre mon propre goût pour le Sud, le charme vient de l’écriture de Jean-Marc Graziani qui vous enveloppe et vous guide au cœur d’une
région, parmi des personnages en apparence sans histoires et dont les âmes se
révèlent au fil des pages.
Les changements de narrateurs et d’époques
m’ont perdue dès le début – sans que cela m’agace cependant car chaque chapitre
offrait une nouvelle histoire et que c’est pour cela que je lis avant
tout : écouter une histoire, rencontrer un personnage, découvrir un
univers. L’avancée au cœur du livre fait prendre conscience de l’épaisseur de
la forêt de secrets, de non-dits ; en parallèle, elle dévoile
un par un des pans de l’histoire familiale et tout cela dans une belle fluidité.
Si l’on devine un drame plus bouleversant, ses détails restent préservés
jusqu’au bout. Le dénouement est d’ailleurs fort réussi dans sa simplicité et la
délicatesse de la révélation.
La réussite du roman tient à peu de
choses : l’approche, les liens entre personnages, la pudeur. Sur la forme,
la construction est sans couture apparente : du grand art !
Un livre lu presque par hasard qui m’a touchée
en plein cœur et qui met en valeur les effets de la solidarité.