Le Grand
Tour –
Collectif
Grasset, 2022, 464 pages
A l’occasion de la présidence française de l’Union
Européenne, Olivier Guez a demandé à vingt-sept écrivains, un par Etat-membre,
d’écrire sur des lieux évocateurs de la culture et de l’histoire européennes.
Dans les récits et les nouvelles inédits qui composent ce recueil, les
mémoires, les regards et les climats d’une Europe de chair et de sang
s’entrecroisent. Il ébauche une carte émouvante de l’esprit européen du début
des années vingt du vingt-et-unième siècle.
Au-delà des appréciations
personnelles que l’on peut porter sur chaque texte pris isolément, ce qui
ressort de ce recueil, c’est l’unité dans la diversité. Autrement dit, en tant
que Française, je me suis sentie concernée par tous ces textes, sur un plan
intime, sans que cela dépende de ma sensibilité individuelle mais parce que
j’appartiens à cette réalité qu’est l’Europe sur bien des aspects (il est
d’ailleurs dommage que le recueil se limite à des écrivains de l’Europe
politique).
En tant que lectrice, je favorise
depuis plusieurs années les auteur.ices européens parce que j’ai conscience de
ce qui nous relie et qui n’est pas à l’œuvre quand je lis des écrivains
d’autres lieux, aussi doués soient-ils. Même si certaines régions évoquées ici
ne sont pas les plus connues, elles partagent pourtant des références avec
n’importe quel lecteur européen, au moins historiques et culturelles. Au fil
des textes, fictionnels ou non, c’est donc un sentiment de familiarité qui
s’installe et ce grand tour m’a fait sentir plus européenne que toutes les
déclarations politiques dans ce sens. Cela est d’autant plus marqué que les
textes sont ancrés dans notre époque et partagent une temporalité avec les
destinataires que nous sommes.
Ce recueil est une lecture de choix,
qui plus est à l’heure où l’actualité de notre sol commun est pour le moins désolante
– plusieurs textes, d’ailleurs, rappellent l’historique volonté de domination
de la Russie sur les territoires qui l’entourent.
