Le flou du monde – Iris Wolff


Le flou du monde – Iris Wolff
(Die Unschärfe der Welt, 2020)
Grasset, 2022, 240 pages
Traduction de Claire de Oliveira


Samuel naît dans un petit village en Roumanie, à l’époque de Ceausescu. Sa mère, Florentine, est une femme rêveuse, descendante d’une famille noble. Hannes, son père, est pasteur, en charge des paroissiens de langue allemande qui vivent dans cette région d’Europe centrale depuis des siècles. La famille héberge parfois des touristes, comme Bene et Lothar, deux jeunes Allemands.

Samuel est un garçon taciturne et tranquille, qui prend la vie comme elle vient. Quand son meilleur ami se retrouve en délicatesse avec le terrible régime roumain, il quitte tout pour l’aider à s’évader.

 

Quel beau roman, quelle plume ! La quatrième parle d’une langue « poétique et aérienne » ; j’ajouterais « sensible ». La narration est douce et enveloppante ; on se laisse happer dès les premières pages par l’atmosphère et le personnage de Florentine calme, détaché.

« … elle se suffisait à elle-même, invariablement, ayant à peine besoin d’être rassurée par les gens ou les lieux. »

Le roman nous fait entrer dans les cœurs des personnages à tel point qu’ils semblent faire partie de notre vie depuis toujours (et probablement à jamais) ; il nous interroge sur ce qu’est l’appartenance, à une famille, un lieu, sur les liens que nous créons et ceux qui se créent naturellement. A travers les quatre générations, nous revivons l’histoire de la Roumanie, du roi Michel à l’ouverture du rideau de fer.

La construction est impeccable, même si la fin m’a parue abrupte, probablement parce que j’étais bien dans ce cocon et que je n’aurais jamais voulu en être expulsée. Ce roman est une très belle découverte ; j’espère qu’il trouvera son public et que d’autres livres de l’autrice seront traduits.

Une lecture vivement recommandée !

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