Des âmes consolées – Mary Lawson
(A town called Solace, 2021)
Belfond 2022, 272 pages
Traduction de Valérie Bourgeois
Postée
comme chaque jour derrière la fenêtre du salon, Clara, sept ans, guette le
retour de sa sœur et épie l’inconnu qui a investi la maison de la voisine, Madame
Orchard.
Le roman
donne la parole tour à tour à Clara, Liam Kane (l’inconnu) et Elizabeth Orchard,
déployant une histoire prenante avec des personnages intéressants (on se
demande comment Liam a pu choisir la profession de comptable !) et émouvants,
chacun à sa façon.
Il y a la
petite Clara dont la sœur adolescente (et adoré) a fugué, beaucoup plus
longtemps que d’habitude, et qui a promis à Madame Orchard de s’occuper de Moïse,
son chat, le temps de son séjour à l’hôpital. Clara qui croit aux serments, à
la fidélité des liens entre les êtres, qui prend la vie au premier degré et
donc intensément, quitte à se brûler.
Quant à Liam,
c’est un adulte plutôt banal ; le don que lui fait Madame Orchard est l’occasion
de rompre avec un quotidien insatisfaisant. Sauf qu’une fois à Solace, il se
rend compte que son absence de projet l’empêche de donner une direction à sa
vie, voire de prendre la moindre décision. Il n’a plus de liens avec sa
famille, s’est séparé de sa compagne, a quitté son job et au lieu de se sentir
libre, il est surtout sans le moindre repère.
Enfin,
Elizabeth revisite son passé depuis son lit d’hôpital dont elle devine qu’il
sera la dernière étape d’une vie qui lui laisse un goût d’inachevé. Sans
enfant, son époux et elle accueillaient régulièrement le petit garçon des
voisins jusqu’à ce que l’orage éclate et déstabilise profondément sa vie, son
couple, l’enfant.
Je connais Mary Lawson de nom depuis
longtemps mais n’avais jamais eu l’occasion de la lire. Je me réjouis de l’avoir
enfin découverte avec ce beau roman, fort, poignant, qui aborde des sujets
difficiles avec un ton bienveillant ; on perçoit à travers les lignes que
l’autrice aime ses personnages, qu’elle leur veut du bien, sans pour autant
faire croire que la vie est un lit de roses. C’est aussi un roman qui valorise
le réconfort que l’on peut tirer de la vie au sein d’une petite communauté, un
aspect auquel je ne suis pas du tout sensible dans mon quotidien mais qui m’a
vraiment touchée dans ce livre. Et le meilleur, c’est que la fin est tout aussi
réussie que le reste, équilibrée, sensée, sans drame inutile.
Ce ne sera pas mon dernier contact
avec cette autrice qui a su me séduire durablement.