Un système d’une beauté aveuglante – Amanda Svensson

Un système d’une beauté aveuglante – Amanda Svensson

Un système d’une beauté aveuglante – Amanda Svensson
(Ett system så magnifikt att det bländar, 2019)
Gaïa, 2021, 656 pages
Traduction d’Esther Sermage

 

La naissance des triplés, Sebastian, Clara et Matilda, est entourée d’un mystère.

Vingt ans plus tard, Sebastian part à Londres, le cœur brisé. Jeune diplômé en neurosciences, il vient d’être recruté par l’énigmatique Institute of Cognitive Science. Ignorant jusqu’à la nature même de son travail, il se voit confier une patiente qui a perdu sa vision tridimensionnelle. De son côté, Clara se rend sur l’île de Pâques malgré ses peurs afin d’y retrouver un activiste écologique qui s’y est installé pour attendre la fin du monde. Enfin, Matilda essaie de se conformer à l’idée d’une vie de famille dans la Suède rurale, tout en s’efforçant de ne pas laisser son aversion pathologique pour la couleur bleue lui pourrir l’existence.

Quand leur père disparaît, le trio est loin de se douter qu’il laisse derrière lui un terrible secret dont la révélation va venir tout bousculer. Surtout pour l’un d’entre eux.

 

« Celui qui, par mégarde, déterre une cigale au repos dans le sol peut être amené à croire qu’elle est morte. Car elle semble inerte ou, du moins, endormie. Mais elle ne l’est pas. Elle attend, voilà tout. Elle attend de renaître dans toute sa rayonnante splendeur. »

 

Roman épais et présenté de façon à la fois intrigante et intimidante, Un système d’une beauté aveuglante est difficile à caractériser franchement. En effet, l’intrigue est (trop) foisonnante et si l’autrice maintient fermement l’ensemble par une structure maîtrisée, on s’interroge longtemps sur ses intentions. En définitive, il est difficile de ne pas avoir le sentiment que la montagne a accouché d’une souris. Pourtant, l’histoire est prenante et réussie sur bien des aspects mais ses longueurs (pas toujours utiles) et ses personnages (peu consistants et globalement rasoirs) brident l’enthousiasme. L’intrigue est plus complexe que nécessaire et cela nuit au fond ; c’est d’autant plus regrettable que le propos est intéressant, une fois que l’on a réussi à trier l’essentiel du reste.

D’un côté l’histoire est rarement crédible, de l’autre les questions qu’elle pose sont pertinentes ; en outre, Svensson s’approprie des sujets actuels avec pertinence, sans donner le sentiment d’être opportuniste, ce qui est appréciable. In fine, ce livre est un fouillis sans nom qui nécessite patience et recul pour être apprécié, sans pour autant tenir du chef d’œuvre.

Une autrice à l’univers riche et singulier dont le parcours mérite certainement d’être suivi.