La mort de sa mère va conduire Shalini, trentenaire privilégiée de Bangalore, à revisiter son enfance. Elle se souvient, en particulier, des visites de Bashir Ahmed, un vendeur ambulant Cachemiri ayant brutalement disparu de sa vie. Sans rien connaître de la région et un peu par désœuvrement, Shalini part sur place alors que le Cachemire est secoué par des tensions politiques et investi par l’armée.
Peu amatrice de premiers romans, j’ai été tentée par le dépaysement promis et l’aspect politique. En définitive, cette lecture s’est avérée une excellente surprise. Non seulement, j’y ai trouvé ce que je cherchais mais aussi une histoire prenante, aux tournants imprévisibles, des personnages plutôt complexes et une certaine subtilité dans l’approche. Si le personnage de Shalini m’a souvent exaspérée (tout en étant parfaitement crédible), son regard, ses maladresses, son absence de maturité interrogent plus largement sur le mal que nous faisons en toute bonne conscience et sur l’impossibilité de communiquer. En contrepoids, son père représente l'opinion indifférente, aux idées toutes faites nourries par les médias.
Surtout, l’autrice pointe tout ce qui nous échappe de par la complexité
de situations mêlant quantité d’aspects difficiles à embrasser dans un
ensemble. Or pour comprendre nous avons tendance à simplifier, à filtrer à
partir de notre position, de nos croyances et c’est ainsi que nous nous
trompons, voire faisons plus de mal que de bien.
Ce roman singulier, qui prend du temps à se déployer pleinement (ce qui
peut d’ailleurs donner le sentiment qu’il est plus simple qu’en réalité), mérite
une mise en lumière particulière ; je le recommande vivement !