Quel roman étrange ! Jacob
Sender, de par ses qualités particulières, travaille pour la police. Il est
capable, en outre, de remarquer les phénomènes étranges qui surviennent sur la
planète et passent pourtant inaperçus pour le commun des mortels. Ces
événements sont liés à des distorsions temporelles qui laissent entendre l’existence
de plusieurs niveaux de réalité.
Suite à un accident de voiture, Jacob
se retrouve projeté dans une de ces réalités parallèles ; il en revient
avec un objet mystérieux. C’est ainsi que le dirigeant d’une entreprise de
haute technologie apparaît dans sa vie et lui confie la mission de comprendre l’origine
de ce non-objet. Commence, pour Jacob, une quête dans différentes réalités.
Mais quel monde est le réel ? Et, en conséquence, jusqu’à quel point Jacob
est-il réel ?
Virtual est à la fois un
livre séduisant et déstabilisant. Bien que peu amatrice des univers imaginaires,
j’ai été rapidement séduite par ce roman qui intrigue et s’appuie sur le
terreau des œuvres de ce domaine. En outre, il propose une profondeur
intéressante et on devine que l’auteur avait à cœur de creuser son sujet. En
revanche, il m’a souvent semblé inutilement voire faussement complexifié avec
quelques coutures apparentes. Pendant très longtemps, Jacob semble être un
parfait imbécile qui ne comprend rien, y compris quand certains aspects sont
plutôt explicites. Ainsi, l’intrigue fait du surplace, voire revient en arrière
et le seul sentiment qui en découle est une frustration intense. A contrario,
le dernier cinquième s’accélère tellement sous l’impulsion d’un Jacob qui,
soudain, semble extra-lucide que l’on reste un bon moment étourdi (et dans le
noir le plus absolu).
En définitive, c’est une lecture
plaisante et absorbante qui aboutit à une explication intéressante et bien
ficelée. Je doute que les 500 pages aient été nécessaires et regrette un léger
inachèvement sur le plan purement romanesque. Pour autant, les « joueurs »
et amateurs de théories sur l’univers et les mondes parallèles se régaleront sans
nul doute.