Hamnet – Maggie O’Farrell

Hamnet – Maggie O’Farrell
Hamnet – Maggie O’Farrell
(Hamnet, 2020)
Belfond, 2021, 368 pages
Traduction de Sarah Tardy

 

Roman inspiré par le fils de Shakespeare, Hamnet est aussi l’histoire d’un mariage, d’une famille et des liens entre des jumeaux.

Alternant entre présent et passé, entre le drame qui se noue et la rencontre entre deux amants dont les familles respectives ne sont pas favorables au mariage, l’histoire donne la part belle aux personnages avec un focus particulier sur Agnes (Anne), la femme singulière qui ne se laisse jamais cerner mais sera brisée par la mort d’un de ses enfants.

Bien que n’ayant jamais été attirée par les romans de Maggie O’Farrell et goûtant peu les fictions « inspirées » de personnes ayant existé, j’étais fort curieuse de cet ouvrage après avoir lu, tout 2020, des critiques anglophones (professionnels et amateurs) élogieuses.

Hamnet a vaincu mes réticences les unes après les autres. Maggie O’Farrell ne cherche pas à nous faire croire que son propos se confond avec la réalité historique, que ses personnages sont « les vrais ». Elle fait son travail de romancière et déploie une imagination pleine de sensibilité au service de personnages qui prennent vie au fil des pages. On ne se préoccupe plus de savoir s’ils ont existé car ces figures romanesques ont leur intérêt propre.

Cette lecture m’a enchantée en ce qu’elle m’a rappelée ce qui m’avait séduite, enfant, dans les livres : un univers qui vous absorbe et vous fait oublier votre environnement immédiat, des individus aux personnalités palpables, une histoire agréablement menée qui vous tient jusqu’au bout.

L’autrice aborde son sujet avec finesse, accordant une attention à tous, sauf au fils / amant / époux / père, le seul à ne jamais être nommé par son prénom. Comme le nom de la famille n’est jamais cité non plus, il est facile de s’intéresser à cette communauté de façon détachée pour apprécier pleinement l’histoire qui nous est livrée.

Au-delà de l’intrigue, on perçoit comment O’Farrell a choisi d’interpréter ce qui ressort de l’œuvre du Barde, certaines obsessions et motifs. Alors même que les historiens ne sont pas tous d’accord sur des éléments entourant la vie de Shakespeare, l’autrice s’en empare librement mais surtout avec une cohérence qui fait de ce roman une œuvre à part entière et dont on se régale jusqu’au bout.

Une lecture vivement recommandée !