Éditions La Peuplade, 2020, 180 pages
C’est un roman dont il ne faudrait
rien savoir de l’intrigue avant de l’aborder, pour conserver tous ses sens en
éveil. C’est que l’histoire est, justement, centrée sur les perceptions,
l’identité, la transformation.
Le découpage du livre fait succéder
des informations sur le lièvre d’Amérique puis sur trois périodes de la vie de
Diane, l’héroïne. Si j’ai apprécié le style différent de chaque partie, cette
structuration m’a paru trop mécanique, peu subtile.
L’histoire au présent, narrant
les suites d’une opération, m’a fascinée et séduite à un point que je ne
saurais décrire. Nous avançons aux côtés de Diane à tâtons, essayant de
comprendre ce qu’il en est à travers des allusions et les symptômes
post-opératoires. Ce sentiment de ne pas
avoir pied, d’être dans l’inconnu et ne rien maîtriser m’a énormément plu.
Le roman pourrait se lire d’une
traite, non seulement parce qu’il est court, mais aussi parce qu’il a un côté
addictif : j’ai eu envie de le reprendre depuis le début une fois achevé.
L’épilogue, toutefois, qui raconte une légende, ne m’a pas convaincue et m’a
paru inutile, le reste de l’histoire se suffisant.
Ironie du sort, alors que l’on parle
souvent d’une société déshumanisée, c’est justement en renouant avec son
enfance au contact de la nature et des animaux (en se déshumanisant donc) que
Diane peut espérer se libérer de son esprit ultra-performant de working girl,
une création de nos sociétés bien humaines.
Je ne suis pas sûre d’avoir lu ce
livre comme l’autrice l’a conçu parce que nos rapports au monde sont opposés,
mais il m’a confortée dans mes réflexions sur l’essentiel et l’accessoire, sur
ce qui nourrit et ce qui aliène. Un livre à relire et que je recommande.