Île - Siri Ranva
Hjelm Jacobsen
(Ø, 2016)
Grasset,
2020, 240 pages
Traduction d’Andreas Saint Bonnet
Traduction d’Andreas Saint Bonnet
Une jeune femme, danoise par son père et
féroïenne par sa mère, aspire à un pays où elle n’a jamais vécu. Ses
grands-parents ont émigré des îles Féroé au Danemark juste avant l'Occupation,
et avec leur mort, c’est toute une histoire qui disparaît, racines, traditions,
paysage mental.
En parallèle, le livre retrace le récit des
générations précédentes, ce à quoi ses grands-parents ont dû renoncer en
particulier.
Ce premier roman âpre et plein de grâce entrelace
habilement le vécu de deux générations, celle de la narratrice et celle de ses
grands-parents (sa mère, née au Danemark, semble avoir eu une histoire banale,
à l’exception de sa naissance). Le style est impressionniste, s’attachant à la nature
féroïenne, aux ressentis, au cœur qui palpite, aux légendes terrestres et
maritimes. Et si la guerre est évoquée, elle reste dans un lointain
arrière-plan.
La narration mêle l’éphémère et la permanence,
les phénomènes naturels immédiats et immémoriaux, le temps humain et le temps
géologique, les îles flottantes et les îles prises au piège.
« La lumière randonnait sur les rideaux
de la cuisine. Les pierres dans le petit jardin étaient mouillées par la pluie,
puis séchaient à nouveau. »
Ce
roman montre combien le thème de la double-culture, aussi exploré soit-il, est d’une
richesse telle que l’on peut le renouveler encore. Au-delà du dépaysement
géographique et donc culturel, ce livre témoigne d’un univers personnel qui
donne envie d’être retrouvé dans de futurs ouvrages.
Ce
livre m’a été transmis par l’éditeur via NetGalley.
#lecturedeconfinement