New York Odyssée - Kristopher
Jansma
(Why We Came to the City, 2016)
Livre de poche, 2018, 608 pages
Traduction de Sophie Troff
Irene, Jacob, George et Sara, inséparables depuis
l’université, viennent de s’installer à New York. Ils ont vingt-cinq ans,
sillonnent la ville, naviguent entre fêtes et premiers jobs. Mais la maladie vient rebattre les cartes.
Ajoutons à la galerie de personnages William qui a croisé la bande au cours de
leurs études sans l’intégrer pour autant et qui s’y raccroche finalement tout
en restant à la marge.
Comment parler de ce roman sensible et touchant ? Après
deux lectures, je ne sais toujours pas.
Il est à la fois léger dans le ton et assez plombant sur le
fond ; il parle de désenchantement et de jeunes qui découvrent la réalité
de la vie (tout en étant quand même plutôt privilégiés). Il a surtout un charme
fou en dépit de certains personnages irritants (Sara, mon éternelle médaille d’or ;
Jacob, une belle médaille d’argent), de situations difficiles (si vous avez un proche atteint ou décédé d’un
cancer récemment, passez votre tour) et de quelques faiblesses.
En effet, la narration est assez irrégulière. Dès le début,
et après une présentation rapide des personnages, l’intrigue se focalise sur la
maladie d’Irene. C’est très prenant mais
la seconde partie ressemble à un soufflé qui retombe et hormis le chapitre
autour de William et d’Irene (mes personnages préférés), le reste est assez
flou dans ses intentions et sa structure.
En
outre, il a été reproché au livre une certaine vacuité ou du moins une absence de
profondeur et de message fort. Et il est vrai que les personnages, aussi
sympathiques (ou pas) soient-ils, n’ont jamais de conversations de fond,
semblent n’avoir aucune vie intellectuelle (au mieux superficielle dans le cas
de Jacob) et la référence à l’Odyssée est essentiellement symbolique. On reste
souvent en surface (sans que cela m’ait gêné, le plaisir de lecture étant
ailleurs à mon goût).
C’est
un livre qui séduira les personnes qui aiment : les histoires de jeunes
actifs, les contextes citadins et modernes, les univers à la Fitzgerald, les
textes référentiels (l’ouverture notamment est une variation sur Walden). C’est un roman idéal quand on a
envie d’un mélange de légèreté et de drame. C’est très atmosphérique mais, l’air
de rien, il me laisse toujours esseulée à la fin avec une envie de tout
reprendre depuis le début.