Profession romancier – Haruki Murakami
(Shokugyo
toshite no shosetsuka, 2015)
Belfond, 2019, 200 pages
Traduction d’Hélène Morita
Dans ce corpus de récits personnels,
Murakami revient sur son parcours et sa carrière de façon détaillée (routine d’écriture,
choix de sujets, construction de personnages, etc.).
Ces textes sont souvent construits
comme des conseils à des aspirants écrivains et l’on devine une volonté de
transmission de son savoir –faire de la part d’un autuer qui a fait ses
preuves.
Pourtant, en parallèle, Murakami
ressasse les critiques mitigées, voire méprisantes, qu’il a reçues au fil du
temps (plutôt à ses débuts on imagine et plutôt au Japon qu’à l’étranger) ;
on sent l’homme blessé (quoiqu’il en dise) qui, malgré une carrière
internationale brillante, a été touché durablement. Et c’est peut-être cela qui
le rend sympathique quand ses propos, au global, m’ont paru largement
insipides.
D’ailleurs, ces textes sont plutôt à
destination d’un jeune public qui a besoin d’être guidé qu’à des lecteurs qui
ont vécu et n’ont pas attendu Murakami et ses leçons pour savoir que penser de
l’écriture, des prix littéraires, du système scolaire, etc. Malheureusement, ce
manque d’originalité du propos m’a pesé au-delà de ce que je pourrais en dire.
Ce que Murakami raconte de ses débuts
dans la vie en dit long sur son approche de la vie en général et sur lui-même.
Et c’est là que réside l’intérêt de l’ouvrage : on en apprend plus sur l’auteur
– et sur l’homme – que dans ses propos sur l’écriture en particulier. Son côté
individualiste qui lui permet d’avoir (et donc d’exprimer) des vues
personnelles (qui vont contribuer à l’originalité de ses œuvres), son refus des
opinions tranchées et définitives mais aussi de donner une image romantique de
l’écrivain qui mène une vie de patachon.
Si le texte sur sa pratique de la
course n’est pas inintéressant, je vous recommande plutôt de lire son Autoportrait de l’auteur en coureur de fond
qui est, lui, carrément fascinant.
Au final, Profession romancier est un ouvrage
optionnel qui m’a fait m’interroger une fois de plus sur les raisons qui
poussent certains à voir en Murakami un nobélisable. Ce n’est pas mauvais et l’homme
est foncièrement sympathique mais est-ce suffisant ?
Ce livre m’a été
transmis par l’éditeur.