La fabrique de poupées – Elizabeth MacNeal
(The Doll Factory, 2019)
Presses de la Cité, 2019, 364 pages
Traduction de Karine Reignier-Guerre
Londres, 1850. L'Exposition
universelle va bientôt ouvrir ses portes dans le tout nouveau Crystal Palace et
les badauds se pressent pour venir admirer cette merveille. Parmi eux, Iris,
modeste employée dans un magasin de poupées, à la beauté mâtinée de difformité,
et qui rêve de devenir artiste peintre. Et puis il y a Silas, taxidermiste
amateur de macabre et de curiosités, désireux d'y exposer ses créatures. Le
milieu artistique, quant à lui, est secoué par ces nouveaux peintres, les préraphaélites,
qui bousculent les dogmes picturaux défendus par l’Académie royale.
Ce roman se lit facilement et avec un
certain plaisir à défaut d’être renversant. On s’intéresse particulièrement au
destin d’Iris, femme issue d’un milieu modeste qui se voudrait bourgeois, un
peu trop fine pour son bien et habitée de rêves interdits. Sa rencontre avec
Louis Frost, un peintre (imaginaire) appartenant à la confrérie préraphaélite
va changer sa vie et l’ouvrir à un monde inconnu.
Il sera aussi question de Rose, sa
sœur jumelle défigurée et aigrie, d’un gamin des rues, Albie, très attachant et
puis de Silas qui va nourrir une obsession pour Iris à faire froid dans le dos.
Les passages sur la peinture et le
mouvement préraphaélite sont très intéressants ; j’aurais pu me contenter
d’un livre uniquement sur le sujet.
On pourra regretter que l’autrice
s’acharne à vouloir se couler dans un moule inspiré de Dickens alors qu’elle
n’en a pas l’étoffe (en tout cas, pas au stade de ce premier roman marqué par les
maladresses habituelles). Adopter un style plus personnel aurait été une
meilleure stratégie et nous aurait épargné quelques lourdeurs. Dommage aussi
que Macneal s’en tienne à une histoire lisse et superficielle : à aucun
moment, elle n’arrive à nous plonger dans le drame ou à nous faire toucher du
doigt la noirceur de certains personnages ou situations.
Au final, on passe un bon moment,
même si la fin traîne en longueur et manque de suspense.
Ce livre m’a été
transmis par l’éditeur.