Emily – Stewart O’Nan
(Emily, Alone, 2011)
Points, 2013, 384 pages
Traduction de Paule Guivarch
« Tous les mardis, Emily Maxwell
remettait le peu qui lui restait de vie entre les mains de Dieu et celles,
tremblantes, de sa belle-sœur, Arlene, et elles allaient en voiture au drive-in
Eat’n Park, prendre un petit-déjeuner-buffet ‘deux-pour-le-prix-d’un’. »
Quel roman superbe ! Il est la simplicité même et raconte le
quotidien routinier d’une vieille dame, ses petits soucis, ses préoccupations
ordinaires dont la mise en ordre de ses papiers et la revue de ses dernières
dispositions avec ses enfants. Ce n’est jamais morbide pour autant, juste
réaliste. Car Emily est consciente que chaque jour qui passe se doit d’être
honoré : c’est maintenant ou jamais. Et cette dame si digne et si
touchante dans sa vulnérabilité montre aussi de la force dans sa résistance à
la morosité, dans sa transformation de la solitude (son cher Henry n’est
plus ; les enfants sont loin, voire lointains ; ses connaissances
s’éteignent) en un espace de liberté, une vie renouvelée. Au fond, Emily sait
profiter de cet âge où l’on est riche d’une vie et des leçons apprises mais
dotée d’un corps auquel on ne peut toujours faire confiance.
Au crépuscule de sa vie, Emily nous épate par sa vaillance qui surmonte
toujours les moments de morosité.
Le finale est fort réussi et ouvre de nouvelles perspectives.
Avec grâce et subtilité, Stewart O’Nan transfigure une vie banale ; il
nous offre également un portrait de femme au caractère contrasté : Emily
n’est pas un personnage lisse et toujours aimable mais elle paraît vivante et
bien réelle.
Une perle !