Savoir-vivre - Hédi
Kaddour
Folio, 2011,
230 pages
Nous sommes à Londres, dans
l’entre-deux-guerres. Max, journaliste français, assiste par hasard à un
défilé en l’honneur d’anciens combattants de la bataille de Mons. Il y remarque
un homme singulier, Strether, aujourd’hui maître d’hôtel dans un grand
restaurant. Max envisage dès lors d’écrire un article à partir notamment
d’interviews de Strether. Sont abordés non seulement la guerre mais aussi son
implication dans un parti fasciste anglais et plus largement son passé.
Hédi Kaddour construit son récit en
multipliant les approches et en impliquant des personnages dont on ne sait pas
toujours que faire. Même une fois l’intrigue dénouée, je reste perplexe quant au
personnage de Lena : inutile au récit (sauf à avoir voulu donner à Max une
interlocutrice externe à l’affaire) et peu crédible en tant que femme (ce qui
est d’autant plus étonnant que le roman est par ailleurs sensiblement
féministe), Lena gâche une histoire passionnante par ailleurs.
La forme est un brin vicieuse :
j’avoue avoir été dubitative, voire parfois un peu perdue. C’est que l’auteur
cache habilement ses intentions et chaque supposée avancée du récit nous plonge
un peu plus dans le mystère (du moins n’a-t-on pas le sentiment d’y voir plus
clair).
C’est sacrément habile et bien ficelé,
bluffant même ! C’est un roman que l’on a envie de reprendre dès le début,
à peine l’a-t-on achevé. Surtout, c’est l’histoire d’un destin peu banal (et
véridique) doublé d’une analyse intéressante aussi bien d’une époque que d’un
milieu.
Un livre à découvrir sans nul doute.