Possession - A.S. Byatt
(Possession, 1990)
Livre de poche, 2018, 928 pages
Traduction de Jean-Louis Chevalier
Roland Mitchell, jeune universitaire spécialiste de Randolph
Henry Ash, un poète victorien passablement obscur au-delà des cercles
universitaires, découvre des lettres d’Ash adressée à une inconnue et écrite
dans un style qui ne lui est pas habituel. Il débute alors une quête qui l’amène
à rencontrer Maud Bailey, spécialiste de l’œuvre de la destinataire des
lettres.
Possession est un roman foisonnant où l’autrice a voulu mêler
quantité d’intrigues et de genres qui finissent par noyer l’ensemble (ou l’enrichir
pour ceux qui apprécieront).
Outre l’enquête concernant la relation entre les deux
poètes victoriens (clairement l’aspect le plus passionnant pour la
non-littéraire que je suis), le lecteur est mêlé à des batailles entre
universitaires. S’ajoutent à cela la
correspondance entre les deux poètes (les 100 pages les plus longues de ma vie), l’évocation de mythes, des échanges de poèmes,
des extraits de journaux intimes et des bribes d’occultisme (!), l’ensemble
étant évidemment lié et s’auto-référençant. Notons que le livre est plein de
références à la poésie romantique et à l’époque victorienne à côté desquelles
le lecteur non averti (dont je suis) passera (même en faisant des recherches).
Ce roman doit charmer les littéraires : il est
riche et maîtrisé, plein de détours sur des questions qui apparemment
passionnent les universitaires. De même, il devrait plaire aux amateurs d’histoires
sentimentales un peu tarabiscotées. Enfin, peut-être les passionnés de l’époque
victorienne y trouveront-ils aussi leur compte.
En revanche, tout autre type de lecteur risque de s’ennuyer ferme, sauf
à survoler les passages purement littéraires supposés délivrer des indices, et à
se concentrer sur l'enquête.
Au-delà de mon appréciation de non-littéraire, je
regrette que l’autrice ait voulu à tout prix mettre en place un parallèle entre
le couple victorien et le potentiel couple contemporain (notons, au passage,
que le roman n’a pas très bien vieilli « technologiquement ») et qu’elle
ait accumulé les conclusions jusqu’à régler le moindre détail, voire à en
rajouter jusqu’à la dernière ligne (alors que la conclusion générale était tout
à fait satisfaisante).
Si je ne regrette pas cette lecture, je doute fort
revenir à Byatt un jour.
Booker Prize
1990