La tristesse a le sommeil léger - Lorenzo Marone
(La tristezza ha il sonno leggero, 2016)
Belfond, 2019, 384 pages
Traduction de Renaud Temperini
Le narrateur, Erri Gargiulo, se
souvient des moments-clefs de sa vie et, dans un aller-retour entre présent et
passé, raconte l’histoire de sa famille recomposée.
Si le livre se lit avec facilité, la
personnalité d’Erri rend l’expérience souvent pénible ; c’est que ce
quadra est insupportable de médiocrité, toujours à pleurnicher sur son sort et
d’une faiblesse de caractère assez extraordinaire. Une bonne partie des autres
membres de sa famille ne sont pas très attractifs non plus.
En revanche, si on arrive à dépasser
l’aversion qu’Erri peut inspirer, on se rend compte que le fond est subtil,
d’une véritable profondeur. C’est finalement le propre de la comédie :
paraître légère sans l’être tout à fait.
« … il est
inutile d’endurcir le caractère des enfants avec des ‘épreuves’, de toute
façon, la vie s’en chargera. »
Le livre est découpé en courts chapitres qui se
terminent souvent avec une certaine lourdeur ; on a parfois l’impression d’assister
à une démonstration. Globalement, je n’ai pas été très sensible au style au
point de trouver des longueurs au propos. Cela dit, il n’est pas impossible que
cela tienne au narrateur qui transpire l’ennui ; son manque d’allant rend
le déroulé monotone.
Mais c’est aussi cette absence de rythme qui valorise
chaque remarque fine ; alors que la narration ronronne, un éclat surprend
d’autant plus.
Si la tristesse a le sommeil léger, l'espoir aussi, et le souvenir le plus marquant que laissera ce livre, c'est la tendresse qui l'habite, ce sentiment que l'on cache trop souvent par pudeur.
Ce roman plaira aux amateurs de chroniques familiales,
à ceux d’histoires un brin loufoques aussi. Quant à moi, en dépit de mes
réserves, j’ai très envie de lire le précédent roman de l’auteur, La tentation d’être heureux.
Ce livre m’a
été transmis par l’éditeur