« Gros » n’est pas un gros mot - Daria Marx & Eva Perez-Bello
Librio (J’ai Lu), 2018, 120 pages
Dans ce manifeste, les fondatrices de Gras Politique,
évoquent les préjugés concernant les personnes grosses (que ces dernières ont
également sous l’influence de la société) et les conséquences qu’ils
emportent.
La grossophobie désigne « l’ensemble
des attitudes hostiles et discriminantes à l’égard des personnes en surpoids. »
Notons que l’hostilité ne se manifeste pas nécessairement par l’agressivité :
la fausse bienveillance, la condescendance en sont aussi des traits.
Ces discriminations ne sont pas des
fantasmes de gros en mal de reconnaissance ; elles ont été (en termes d’accès
à l’emploi notamment) étudiées, mesurées.
Ce bref essai couvre aussi bien les
questions relatives à « comment devient-on (aussi) gros » que le
quotidien de la personne grosse semé d’obstacles qu’il s’agisse de s’habiller,
s’asseoir, se déplacer, etc. J’y ai retrouvé pas mal de points traités par
Roxane Gay dans Hunger mais de façon
plus synthétique et donc plus digeste (mais aussi complémentaire – à mon sens,
les deux lectures valent la peine d’être faites).
Les autrices rappellent également que lutter contre la grossophobie ne signifie pas promouvoir l'obésité ; il ne s'agit pas de nier certains problèmes liés au surpoids mais de promouvoir la bienveillance : on a droit au respect quelle que soit sa silhouette ; c'est aussi simple (et compliqué, dans les faits) que cela.
Pour ceux et celles déjà informé-es sur le
sujet, ce livre ne devrait pas vous apprendre quoi que ce soit ; il conserve
néanmoins quelques avantages : il est d’une grande clarté, didactique,
agréablement écrit et donne en peu de pages une vision d'ensemble du sujet.
Ce livre est un excellent mélange de
témoignages, de faits, d’analyses et de conseils pratiques. Si j’ai tiqué à
quelques affirmations ou explications (déjà entrevues par ailleurs), cela reste anecdotique et cette lecture
me semble essentielle pour le vivre ensemble.