Jours sans faim - Delphine de Vigan


Jours sans faim  - Delphine de Vigan
Jours sans faim  - Delphine de Vigan
J’ai Lu, 2008, 125 pages


C’est l’histoire de Laure qui s’est enfoncée dans l’anorexie, peu à peu, l’air de rien. C’est l’histoire de son sauvetage, de sa remontée lente et difficile vers la vie. Comme dans les autres romans de l’autrice que j’ai lus, c’est l’histoire d’une personne qui a perdu pied et qui essaie de revenir à la surface ; c’est une histoire qui nous touche parce qu’au-delà du symptôme (ici l’anorexie), elle parle du fragile équilibre de nos vies, de nos combats quotidiens.

Comme toujours avec l’autrice (dont c’était le premier roman), c’est fort, ça fait mal et il n’y a pas une trace d’exagération dans la narration, pas de lourdeurs non plus mais un ton juste, au plus près. Et parler des livres de Delphine de Vigan, c’est toujours le risque de surenchérir, de sur-expliquer un texte qui se suffit, qui dit tout en une poignée de pages.

« Elle ne s’est jamais fait vomir. Elle a cessé de manger. C’était plus simple. C’est tout. »


Jours sans faim dit le froid qui habite le corps quoiqu’on fasse, la volonté quasi-inconsciente de s’auto-détruire pour évacuer le mal qui nous ronge, de s’effacer et, en même temps, de maîtriser, d’être dans la puissance du contrôle ; la peur aussi de se relâcher, de faire machine arrière, d’accepter de revenir à la vie.

« Elle a peur de sortir de ça et de ne pas en sortir. »

Des phrases courtes, sans gras inutile (et sans mauvais jeu de mots de ma part). De l’émotion qui serre la gorge, qui vous saute dessus au détour d’une phrase paraissant banale mais dont chaque mot est à la bonne place.

Plus que les raisons qui ont poussé Laure vers l’anorexie, son combat pas à pas, aussi bien sur le plan mental que physique est captivant dans sa banalité. Nul remède magique, nul déclic miraculeux, juste l’aide adéquate, le soutien qui la sort de l’isolement et le temps nécessaire pour panser les plaies les plus vives. On devine néanmoins que la guerre n’est pas finie une fois l’hôpital quitté et que Laure aura d’autres combats à mener.