Traité d’économie hérétique - Thomas Porcher
Fayard, 2018, 231 pages
Thomas Porcher est économiste. Il propose dans ce
livre d’« en finir avec le discours
dominant » qui veut que (en vrac) : la France est un pays
impossible à réformer, son modèle social coûte cher et brime les entreprises,
le pays va mourir étouffé sous le poids de la dette publique, etc.
Pour cela, il reprend des affirmations que l’on (les
politiques, les médias) nous répète à longueur de décennies au point qu’on (les
citoyens) les a intériorisées comme des vérités, des faits indiscutables. Et
c’est ce que pointe Thomas Porcher : les tenants de ces discours ont
verrouillé toute possibilité de débat ; ils ont paralysé toute prise de
recul, toute capacité de penser.
Il s’agit donc ici de remettre les pendules à l’heure,
de changer de perspective et d’inciter chacun à s’autoriser à
penser hors du cadre donné. Accessible (il me semble mais je ne suis pas la
mieux placée pour en juger, ayant suivi plus de cours d’économie que je ne
l’aurais souhaité), pédagogique et clair, ce court texte vise à donner des
arguments à ceux qui sentent que quelque chose cloche dans cette pensée
dominante mais qui n’ont pas toujours les mots pour répondre.
Ce qui est appréciable, c’est que bien qu’engagé, le
discours n’est pas gratuit mais, au contraire, argumenté. Il démonte les
raccourcis utilisés par les politiques, repris par les médias, qui créent de la
confusion et prennent en otage le citoyen lambda qui est aussi la victime des
mesures prises au nom de la sauvegarde du pays (officiellement).
« Pauvrophobie », organisation de la
dégradation du service public pour justifier le recours au privé, distinction
« pays riche / population pauvre », Thomas Porcher démontre à qui
profite le crime et, très clairement, ce n’est pas au citoyen moyen.
Si je n’ai pas eu de révélation, ni applaudi à tout,
je recommande vivement cet ouvrage.