Maison des rumeurs - Colm
Tóibín
(House of Names, 2017)
Robert Laffont, 2019, 288 pages
Traduction d’Anna Gibson
Après le sacrifice de
sa fille, une mère fomente la mise à mort de l'assassin. Puis son fils est
enlevé. Au foyer, il ne reste qu'une fille, obsédée jusqu'à la folie par la
place démesurée qu'occupent les disparus dans le cœur de leur mère.
Clytemnestre, Oreste,
Électre. Colm Tóibín
fait revivre ces personnages tourmentés de la mythologie grecque et les livrent
à un monde dont les dieux sont ignorés.
Le livre est tellement bien
conçu que l’on a un certain sens du suspense alors même que les grandes lignes
de cet ensemble de tragédies sont connues. Ce sont probablement les personnages
et intrigues secondaires qui en font le charme.
Le principal atout de ce
livre, c’est de donner envie de (re)lire des œuvres liées à ces mythes :
l’Andromaque (et Iphigénie) de Racine, Les
mouches de Sartre et tous les textes anciens.
Pour le reste, tout n’est
pas convaincant, en particulier Électre, jeune fille insaisissable et mal incarnée.
A contrario, Oreste semble partout, tout en étant absent, physiquement ou
psychologiquement, à la fois au cœur du roman et simple outil dans les mains de
sa sœur revancharde. S’il y a bien un personnage émouvant, c’est lui.
Autre point peu
consistant : l’univers dans lequel les personnages évoluent, y compris le
palais. Tout paraît évanescent ; l’auteur donne trop ou pas assez de
détails pour que les lecteurs se fassent une idée suffisamment claire des
éléments de contexte. Moins d’informations, comme au théâtre, n’aurait pas été
choquant ; là, nous sommes dans un entre-deux qui nuit à la crédibilité de
l’ensemble.
Si ce roman est loin d’être
mauvais, il manque un peu de chair et de force de conviction.