How We Survived Communism and
Even Laughed - Slavenka
Drakulić
Harper Perennial, 1993, 200 pages
Ce recueil de
textes revient sur la vie sous le communisme en Europe, en particulier du point
de vue des femmes. En effet, la journaliste démontre combien ce système
politique a pesé sur les femmes en prônant un égalitarisme pris au pied de la
lettre et en redéfinissant l’utile du superflu, notamment dans sa politique de
production de biens (les machines à laver ? Un luxe de bourgeois
décidèrent des hommes).
L’autrice
s’appuie sur des expériences triviales, piochées dans le quotidien de femmes
ordinaires (et elle se compte parmi elles). Se loger, se nourrir, s’habiller,
tout était compliqué et plus particulièrement pour les femmes (les protections
hygiéniques ? Un luxe). La journaliste montre combien, au fil de l’eau,
cette vie difficile vous mine profondément et influence votre façon de penser.
Et c’est là où ces textes tirent leur autre intérêt : l’impact mental du
communisme, y compris à long terme puisque toute personne s’intéressant au
sujet sait combien les populations qui ont connu ces régimes en restent
aujourd’hui très affectées dans leur façon d’appréhender le monde. On en a
beaucoup parlé suite à la réunification
de l’Allemagne, de la persistance d’un mur invisible ; Drakulić évoque
quant à elle toute l’Europe de l’Est pour qui le Rideau de fer n’est pas tout à
fait tombé, au moins dans les têtes.
Le ton
est direct et l’autrice n’hésite pas à ironiser sur les personnes n’ayant
jamais expérimenté le communisme, qui plus est au quotidien, mais ayant –
forcément – un avis sur le sujet, en particulier pour en minimiser les
inconvénients.
C’est
passionnant et instructif, vivifiant aussi, tant l’engagement de Slavenka
Drakulić est intense. Au-delà du communisme, on trouvera un texte sur l’annonce
de la guerre en Croatie qui retrace notamment les premières réactions de
l’autrice ; l’épilogue est également focalisé sur la guerre qui était
encore en cours à l’époque.
Ces
textes donnent envie de continuer à explorer l’œuvre de Drakulić et je ne peux
que vous inciter à vous pencher dessus.