Éditions des Équateurs, 2017, 180 pages
Audrey Dussutour est « chercheur au CNRS,
éthologiste, spécialiste des blobs ». En vérité, la scientifique est avant
tout spécialisée dans le comportement des fourmis mais sa rencontre avec le
blob en Australie va changer sa vie.
Mais qu’est-ce que le blob ? De son vrai
nom Physarum polycephalum, le blob est un organisme unicellulaire qui
n’est ni une plante, ni un animal, ni tout à fait un champignon. Ajoutons que
le blob n’a pas d’yeux, ni bouche, ni estomac (mais offre un éventail de 750
sexes différents) ; ce qui ne l’empêche nullement de voir, manger,
digérer. De même, le blob n’a pas de neurones mais peut apprendre et résoudre
des problèmes complexes mieux que les humains (on y reviendra) ; sans
membres, il se déplace et, top du top, il a même une personnalité.
Avec humour et sérieux, Audrey Dussutour rend
accessible le monde de la recherche et plus particulièrement ses recherches sur
le blob et c’est très prenant. Au-delà de la partie de rigolade, le lecteur est
sensibilisé aux protocoles d’expérimentation, à l’intérêt pratique des
découvertes faites sur le blob (régulation des embouteillages par exemple mais
aussi capacités de guérison, d’apprentissage, etc.), à la capacité incroyable
du blob à développer des stratégies de résolution de problèmes et à la notion
d’intelligence.
Audrey Dussutour évoque la difficulté qu’il y a
pour des scientifiques de susciter l’intérêt (et donc d’obtenir des subsides)
quand on travaille sur des problématiques considérées comme secondaires (par
rapport à la recherche contre des maladies par exemple). Avec cet ouvrage, elle
réussit le pari d’ouvrir l’univers de la science au grand public et de faire
parler de cet univers peu et mal connu.
Je vous recommande vivement la lecture de cet
ouvrage. Et gardez à l’esprit que nous avons tous un point commun avec les
blobs (pour ma part, un goût immodéré pour les flocons d’avoine).