Les Conséquences – Niña Weijers


Les Conséquences – Niña Weijers

Les Conséquences – Niña Weijers
 (De consequenties, 2014)
Actes Sud, 2017, 350 pages
Traduction de Sandrine Maufroy


La vie est-elle une performance ? La création est-elle authentique ? Quel est le pouvoir de l’imagination ? Si ce livre pose toutes ces questions et d’autres, il est plus que ça. En effet, Les conséquences n’est pas seulement un exercice intellectuel mais aussi (voire surtout) un roman sur la quête identitaire et, tout simplement, sur la vie.

Minnie Panis est une artiste ; elle est connue pour ses séries de photos de déchets, traces de son existence. Elle ne s’est jamais mise en scène directement mais elle m’a quand même fait penser à Sophie Calle dans ses expérimentations et l’utilisation de sa vie dans son art.
Un jour, elle découvre dans un magazine de mode des photos d’elle, nue, prise par son ancien amant photographe. Minnie n’étant pas du genre à se laisser faire, utilise cette affaire pour construire une nouvelle œuvre où elle entraîne, à son corps défendant, le photographe.

Minnie est une jeune femme petite et menue dont la naissance et l’enfance restent mystérieuses. Bébé chétif, élevée par sa mère seule, elle a été l’objet d’expériences bizarres de la part d’un médecin américain. Minnie ne garde pas de souvenirs de ce passé. Son nouveau projet va se faire télescoper l’art et la vie.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le début du roman, il ne s’agit pas d’une critique du monde de l’art mais plutôt une façon d’aborder l’art comme une quête sur la vie.
Il faut garder en tête tout au long de la lecture l’importance cruciale du titre, clef de l’œuvre.

Ce premier roman est assez exceptionnel. Très éloigné des sujets habituels, il aborde un panel de thèmes de façon tout à fait originale. Plein de tours et détours, il lance des pistes sans pour autant offrir de solutions ni même de conclusions. Et cela n’est pas frustrant, pour peu que l’on accepte qu’un roman n’a pas pour vocation de proposer des réponses définitives. Il y a un côté expérimental dans la forme qui rappelle l’art de Minnie et qui m’a follement séduite. Il faut également être ouvert à la perte de repères, à la construction en puzzle.

Ce livre est fascinant ; j’ai abandonné toutes mes autres lectures pour m’y consacrer ; je l’ai dévoré à chaque moment libre. Mon seul bémol serait l’écriture un peu trop neutre.
J’attends avec impatience que cette jeune autrice récidive. Rares sont les premiers romans d’une telle force et qui prennent le risque de l’originalité contrôlée, de raconter une histoire peu conventionnelle. Et, s’il ne plaira pas en masse, il vaut la peine de s’y pencher si ne serait-ce qu’un élément vous interpelle. Prenez le risque d’être ébloui-e !