Les jours de silence – Phillip Lewis
(The
Barrowfields, 2017)
Belfond,
2018, 432 pages
Traduction
d’Anne-Laure Tissut
Sur un contrefort élevé des Appalaches se tient une étrange demeure,
curiosité de verre et d'acier, que chacun, dans le petit village d'Old Buckram,
prétend maudite. C'est ici que vivent les Aster. Il y a le père, Henry Senior, intellectuel autodidacte, homme de lettres
révolté dans une contrée hostile aux bibliophiles. La mère, Eleonore, femme
insoumise et lumineuse, qui partage ses journées entre la contemplation de la
nature environnante et l'élevage de pur-sang. La cadette, Threnody, adorable
fillette affublée d'un prénom imprononçable tiré d'un poème de son père. Et, au
milieu, se tient Henry Junior, petit garçon sensible et attentif, qui passe le
plus clair de son temps caché dans la bibliothèque, à regarder, fasciné, la
figure paternelle noircir, jour et nuit, les feuillets qui composeront le roman
de sa vie.
Bien qu’il porte les
stigmates des premiers romans, ce livre est prometteur. Lewis sait créer des
ambiances, a un style agréable à lire (voire superbe par moments) et connaît
son affaire pour embarquer le lecteur dès le début. Il nous livre de belles
pages sur la lecture et la littérature, ainsi que sur la musique classique (autant
dire mes deux passions, les deux sujets sur lesquels je suis la plus critique
et Lewis a réussi l’épreuve – si je puis dire – haut la main). Par ailleurs, ses
personnages principaux sont marquants (à défaut d’être sympathiques) ;
dommage qu’il néglige les personnages secondaires car cela aurait donné une
profondeur et une puissance supplémentaires au roman, cela aurait conféré un
caractère mythique à cette famille déchirée, blessée et incapable de partager
ses souffrances.
Le principal défaut
du livre, c’est la construction de l’intrigue. Si le démarrage est
incroyablement prenant, un essoufflement se fait sentir à mi-parcours et la fin
est tellement mal amenée que ça gâche un peu l’ensemble. En outre, les fins de
chapitres sont presque systématiquement ratées ; ça frise l’auto-sabotage.
Autrement dit, le roman est très inégal et c’est d’autant plus dommage qu’il a
un sacré potentiel.
Ce que j’en retiens,
outre une histoire un brin torturée comme je les aime et des moments de grâce,
c’est que l’auteur semble disposer de ressources et qu’il a des histoires à
raconter. Ainsi, ne doutons pas que ses prochains livres vaudront encore plus
le détour ; je serai là pour les dévorer.
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.