Le puits – Elizabeth Jolley
( The Well, 1986)
Rivages, 1998, 225 pages
Traduction de Guillemette Belleteste
( The Well, 1986)
Rivages, 1998, 225 pages
Traduction de Guillemette Belleteste
Dans la campagne profonde australienne, Hester Harper, célibataire endurcie et solitaire, recueille Katherine, une adolescente orpheline. Les deux femmes se construisent une existence de bonheurs simples jusqu’à la nuit où, rentrant d’une soirée, leur voiture heurte une créature. Paniquées, elles jettent le corps dans le puits tari de la ferme.
Après ce premier court chapitre, Elizabeth Jolley passe 90% du livre à raconter l’histoire de Hester et Katherine avant l’incident. Et c’est suffisamment passionnant pour que l’on ne meure pas d’impatience. C’est un roman qui a beaucoup de charme, par son côté « vintage » notamment, mais aussi grâce à des personnages un peu improbables.
C’est aussi un roman sur une relation qui détonne dans la petite société locale. Hester a vécu avec son père jusqu’à la mort de ce dernier et, hormis le souvenir de sa gouvernante allemande, elle n’a jamais eu de relations sociales véritables. Au décès de son père, elle se retrouve parmi les propriétaires terriens respectés pour leurs connaissances de la terre et installés depuis toujours, sans pour autant être intégrée dans un coin où règne la famille traditionnelle. Enfin, Katherine et elle vivent plus ou moins en recluses.
Peu à peu des failles apparaissent dans la relation entre les deux femmes et Hester se tend de plus en plus à l’idée de perdre Katherine un jour. L’incident va accélérer les choses que ce soit quant à la question de l’emprise (mais quelle est celle qui détient le pouvoir sur l’autre ?) mais aussi à celle de la confiance, sans compter qu’Hester a pas mal d’argent. Qu’est-on prêt à faire pour ne pas mourir de solitude ? Pour s’attacher un être ? Peut-il y avoir des relations désintéressées ? Peut-on échapper à la pression sociale ?
Elizabeth Jolley tisse une toile qui se resserre de plus en plus sur les protagonistes et dont on se demande quel sera le motif final.
Bien que je ne sois jamais très « fan » des romans d’atmosphère où les personnages se laissent impressionner un peu trop facilement, Le puits est sacrément bien ficelé et mériterait d’être ressorti des greniers (je l’ai sorti de la réserve de ma médiathèque). Je l’ai dévoré en un rien de temps !