L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir – Rosa Montero
( La ridicula idea de no volver a verte, 2013)
Editions Points (Métailié), 2016, 200 pages
Traduction de Myriam Chirousse
( La ridicula idea de no volver a verte, 2013)
Editions Points (Métailié), 2016, 200 pages
Traduction de Myriam Chirousse
Quand Rosa Montero découvre le journal de Marie Curie, commencé à la mort de Pierre, les mots font écho à son propre deuil. Elle se passionne pour la scientifique et, dans un récit mêlant le parcours de Marie Curie et sa propre douleur, Rosa Montero évoque la rédemption que l’on trouve dans les mots et le pouvoir de la vie sur la mort.
Si le sujet central est Marie Curie, c’est surtout l’occasion d’évoquer la place de la femme dans la société et dans le monde des sciences en particulier. Rosa Montero souligne la force de caractère qu’il fallut à la jeune polonaise pour arriver à s’imposer à une époque et dans un milieu profondément machiste qui ne lui pardonna pas tout à fait ses deux Nobel. C’est aussi le portrait d’un couple brutalement séparé par la mort violente de Pierre, un peu comme l’expérimenta l’autrice avec son mari, décédé, lui, des suites d’une maladie foudroyante. Enfin, ce récit fait revivre toute une époque et la croyance aveugle en la science (le passage sur la laine radioactive a manqué me faire étouffer).
« Il faut faire de la vie un rêve et faire d’un rêve une réalité. » (dixit Pierre Curie à vingt ans)
C’est un livre émouvant à plusieurs titres. Il y a Marie d’abord dont l’autrice fait le portrait de femme au-delà de la scientifique. Mais ce qui m’a souvent bouleversée, ce sont les mots de Montero sur le deuil (ils sont d’une grande justesse et nous offrent des passages poignants) et sur la vie.
En dépit d’un style trop oralisé à mon goût, ce texte est empreint de pudeur et d’élégance. Il laissera une marque forte et je compte bien l’offrir comme on distribue un médicament miraculeux.