Le sacrifice des dames - Jean-Michel Delacomptée

Le sacrifice des dames – Jean-Michel Delacomptée
Le sacrifice des dames – Jean-Michel Delacomptée
Robert Laffont, 2017, 252 pages


En ce début du XVIe siècle, les Ottomans menacent la Hongrie. Le comte Gabor, joueur d’échecs incomparable, gouverne le comitat de Paks. Sa fille Judit, joueuse hors du commun elle aussi, se désespère de l’apathie de son père face au péril turc. Elle voudrait prendre sa place au plus vite. Sa mère, la comtesse Livia, cupide et avide de pouvoir, nourrit la même ambition. Toutes deux se haïssent. Pour parvenir à ses fins et sauver son pays, Judit trame un projet machiavélique.


Une héroïne de la Renaissance

Si la mise en place fut un peu trop longue à mon goût (mais j’ai toujours cette impression avec les romans historiques), le cœur du roman est passionnant.

Revenons d’abord sur ce qui fait le sel de ce texte : les personnages et plus particulièrement l’héroïne. Judit est plus qu’une femme de caractère : elle est fondamentalement ambitieuse mais aussi au service de son pays, plus que de sa propre légende.
J’ai souhaité lire ce roman car, en dépit d’un contexte peu habituel, j’étais attirée par l’affrontement entre deux femmes fortes. J’ai été plutôt comblée, même si la mère de Judit m’a semblé un peu fade.
Au-delà du caractère de la jeune femme, son éducation et son instruction dans le contexte de la Renaissance façonnent un personnage hors du commun. Judit, stimulée par la découverte de Machiavel, fait preuve d’une détermination fascinante ; cela donne lieu à des scènes mémorables, en particulier à l’apogée du roman.

« La vaillance éclatera dans chaque individu, pourvu que les chefs n’en manquent pas eux-mêmes. » (Machiavel)


Stratégie et jeu d’échecs

Jean-Michel Delacomptée fait preuve d’un art de la mise en scène développé et mêle habilement intérêt historique, stratégie politique, jeu d’échecs et intrigue purement romanesque.
Nul besoin de s’y connaître en jeu d’échecs même si l’amateur comprendra toutes les subtilités développées par l’auteur et aura déjà un indice avec le titre de l’ouvrage. Le béotien saisit les enjeux et c’est suffisant pour apprécier l’histoire : ne vous détournez pas du roman uniquement pour cela.


S’il me semble difficile d’évoquer ce livre, on peut quand même résumer en disant qu’après un léger ennui du fait d’un démarrage lent, j’ai fini par éprouver un vif plaisir à cette lecture qui, par certains aspects, est jubilatoire.

J’ai découvert que l’on devait à l’auteur un Petit éloge des amoureux du silence : nul doute que nos chemins se croiseront à nouveau.


Ce titre m’a été transmis par l’éditeur via NetGalley.