La salle d’attente – Tsou Yung-Shan
(Denghou
shi, 2013)
Piranha,
2016, 192 pages
Traduction
de Marie-Louise Orsini
Dans la salle d'attente d'une administration, Xu
Mingzhang patiente. Plus qu'un visa, ce
sont des réponses au sens de sa vie qu'il espère.
Disons-le d’entrée : le contexte et les
personnages ne suscitent pas, a priori,
la joie de vivre. Pourtant, le regard de Tsou Yung-Shan rend l’histoire prenante ;
son approche se fait au plus proche de l’humain et met en relief ces moments de
vie extérieurement vides mais intenses intérieurement.
Xu
Mingzhang est une forteresse de solitude. S’il est supposé se plaire dans son
monde intérieur, le départ de sa femme reste une blessure ; il ne sait pas
exprimer ses sentiments et semble froid et lointain aux autres. Il en est de
même des personnages secondaires.
Cet
homme qui paraît si attentiste et sans volonté est pourtant capable de
décisions, parfois le fruit de sa force d’inertie. Par exemple, il ne veut pas
retourner à Taïwan en dépit des supplications de sa mère et alors que rien ne
le retient en Allemagne.
Au final on arrive à s’attacher à quelqu’un qui n’offre
pas de prise.
Tsou Yung-Shan inscrit cette histoire dans l'Allemagne contemporaine où diverses populations se mêlent et écrit une aventure multiple fonction de l'expérience de chacun. Cela donne une dimension étendue à un récit qui aurait pu être un peu limité.
L’écriture
est souvent imagée, sensiblement poétique. Tsou Yung-Shan décrit très bien le
délicat équilibre entre l’individu et ses semblables, le tissage subtil des
relations humaines. Le finale est particulièrement réussi.
Peu
habituée à cette littérature, j’ai
trouvé ce livre moins bizarre et déstabilisant que je l’avais imaginé. A
découvrir !
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.