Mr Gwyn – Alessandro Baricco
(Mr Gwyn, 2012)
Folio, 2015, 224
pages
Traduction de Lise
Caillat
Jasper Gwyn est un romancier à succès. Pourtant, quand il
publie dans The Guardian la liste des cinquante-deux choses qu’il ne fera plus,
on peut y lire en dernière position : écrire un roman. Son agent croit à une
baisse de régime, voire, pourquoi pas, à un coup marketing. Mais quand Jasper
Gwyn lui confirme son intention de ne plus jamais écrire de roman, Tom comprend
qu’il est tout à fait sérieux.
Cependant, Jasper Gwyn ne sait pas ce qu’il
va faire. Sa rencontre avec « la dame au foulard imperméable » sera
décisive et au bout de sa réflexion émergera une idée un peu folle mais
fantastique et totalement hors norme.
L’idée développée par Baricco est tout à fait séduisante que
ce soit quant à la réflexion à laquelle elle conduit que la forme qu’elle
prend. Le second point rend la lecture plaisante et le premier confère au roman
son intérêt et sa profondeur.
L’auteur s’interroge sur la définition de l’art, la place de
l’artiste et de son modèle, notre rôle aussi en tant que modèles potentiels et
en tant que personnages de nos vies, d’un schéma plus grand que nous et qui
nous échappe.
Ce n’est pas grandiloquent, bien au contraire. L’auteur a
même tendance à créer une routine parfois ennuyeuse. Il faut attendre la fin
pour que le projet de Gwyn se révèle et nous épate. Entretemps, des temps morts
sont à craindre malheureusement.
Cela dit, c’est une histoire plein d’inventivité dans les
détails ; c’est ce qui retient le lecteur plus que toute réflexion
présentée comme telle. De même, les personnages sont attachants (avec une
mention spéciale pour « la dame au foulard imperméable » qui
mériterait un roman qui lui soit dédié) et on termine le livre en ayant le
sentiment de les connaître depuis toujours, à l’exception de Gwyn qui restera
finalement assez distant jusqu’au bout.
La fin réserve de très beaux passages : on voudrait
tout recopier, on voudrait le partager mais si vous n’avez pas encore lu le
roman, cela pourrait tout gâcher d’en connaître l’issue du moins sur le plan
des idées.