Eureka Street – Robert McLiam Wilson
Vintage, 1998, 396
pages
(VF : même titre
– 10/18)
‘All stories are love
stories.’
L’intrigue se déroule à Belfast, ville singulière au cœur du
roman, avant puis après les derniers cessez-le-feu.
Nous suivons Chuckie Lurgan, gros, protestant et pauvre qui
devient soudainement riche suite à des manœuvres douteuses mais tout à fait
légales ; ainsi que Jake Jackson, catholique, ancien dur mais aussi cœur
d’artichaut qui n’a pas de chance avec les femmes.
C’est un roman magnifique, merveilleusement bien écrit, qui
vous attrape par le col dès les premières pages et ne vous lâche plus jusqu’à
la dernière. On me l’avait recommandé il y a plus de dix ans et je ne sais
pourquoi, j’étais persuadée qu’il n’était pas pour moi.
Comme les sentiments
ambivalents que la ville inspire (c’est une vraie lettre d’amour que lui
écrit l’auteur), l’histoire est à la fois tendre, drôle et noire. C’est aussi
une ode à la vie, la vie malgré
tout, malgré les bombes et la bêtise d’extrémistes de tous bords.
On y croise des personnages inoubliables, un chat plus
vrai que nature, une scène de restaurant mythique (j’ai cru m’étouffer
tellement je riais) et bien d’autres choses, y compris dans les détails
qui rendent l’ensemble très vivant.
Le roman est d’ailleurs très
bien conçu, avec une atmosphère différente dans la « première
partie » et dans la « seconde » (il n’y a pas de délimitation
formelle), ou encore dans « l’interlude ». Emotionnellement, ce sont
les montagnes russes et l’on ressort du livre essoré et un brin
euphorique.
Ce roman m’a touchée au-delà des mots. C'est tout simplement un petit chef d'oeuvre.
‘Belfast – only a
fumble of streets and a few big bumps in the ground, only a whisper of God.’