Les morts renaîtront
un jour – Christoph Ernst
(Dunkle Schatten, 2012)
Piranha, 2015, 332 pages
Traduction de Brice Germain
Plus d’un
demi-siècle après avoir fui l’Allemagne, Käthe, d’origine juive, est de retour
à Berlin pour tenter de récupérer un immeuble ayant appartenu à sa famille
avant d’être confisqué par les nazis. Quelques jours après son arrivée, son
corps sans vie est retrouvé au pied d’un mémorial à la déportation. Sa petite-nièce,
Maja, loin de croire à la thèse du suicide retenue par la police, décide de
mener sa propre enquête. (extrait de la quatrième de couverture)
La présentation
éditeur indique également : « Une enquête
haletante sur les exactions du régime allemand, entre passé et présent. » : on ne
pourrait mieux définir ce roman.
> Ce qui le
distingue d’un polar classique, c’est ce contexte
politique, historique et géographique. L’intrigue a lieu de nos jours, dans un
Berlin réunifié du moins sur le papier. Le regard d’anciens Allemands de l’Est
renvoie à l’héroïne qui a grandi à l’Ouest et au lecteur les idées toutes
faites que nous avons sur l’ex-RDA et Berlin-Est. Or la situation de chacun est fort complexe et
il est nécessaire de la comprendre pour résoudre l’énigme. En outre, de
nombreux comportements actuels découlent de faits prenant leur source dans l’Allemagne
nazie et les relations inextricables nouées à l’époque. C’est donc à une
plongée dans l’Histoire que nous invite ce roman mais il s’intéresse surtout
aux angles peu connus, à ce dont on n’entend rarement parler, aux choix
impossibles, aux zones grises.
Ajoutons que Berlin est un personnage à part entière ;
l’auteur nous promène d’un bout à l’autre de la ville au point que l’on
finirait presque par chercher un plan pour recenser tous les endroits visités.
> Les récits
faisant référence au nazisme racontent souvent plus ou moins la même chose.
Ici, les frontières sont floues ; il n’y pas de bons parfaits ni de
méchants vraiment très méchants et le nazisme n’est qu’une donnée parmi d’autres.
La complexité des personnages est d’ailleurs
un autre point fort du livre, à l’exception de l’héroïne dont la psychologie
révèle que l’auteur est un homme.
> Quelques notes
en fin d’ouvrage éclairent des points historiques et elles sont complétées par
d’autres figurant en bas de page ce qui est très utile et pratique. En effet, à
moins d’être un spécialiste de l’Allemagne, il est difficile de comprendre
certaines subtilités ou de savoir à quoi il est fait référence sans ces
précisions. C’est aussi ce qui fait le charme de ce roman singulier.
Ce polar est un
vrai page-turner. Prévoyez un
week-end pour vous y plonger car plus rien n’a vraiment d’importance une fois le
livre ouvert !
Ce livre m’a été transmis par
l’éditeur.