The Graveyard Book – Neil Gaiman
(ill. de Chris
Riddell)
Bloomsbury, 2009, 289
pages
(VF : L’étrange vie de Nobody Owens)
Un bébé échappe au massacre de sa famille, trouve refuge
dans un cimetière et fait son apprentissage de la vie auprès des morts. Voilà
en substance résumé la première moitié du livre.
Ce roman d’apprentissage typique propose une galerie de personnages attachants et
bien caractérisés.
Néanmoins, la première moitié est un brin laborieuse tant il
ne se passe pas grand-chose, du moins pour un adulte, voire une personne âgée
de plus de 10 ans (le livre est indiqué pour les 12 ans et plus, ce qui laisse
un peu perplexe quant à la maturité du public visé).
Bod (diminutif de Nobody) y explore le cimetière, fait
quelques bêtises dont il tirera des leçons, et c’est à peu près tout. Alors
qu’il souhaite explorer le monde des vivants auquel il appartient, le rythme
s’accélère un peu. Cependant, dans le même temps, les habitants du cimetière
dont nous avions fait connaissance avec plaisir voient leur influence
s’estomper.
A ce titre, cette intrigue est assez frustrante. Ajoutons
que le déguisement du meurtrier sur le retour est aussi subtil qu’un éléphant
dans un magasin de porcelaine.
Pourtant, ce récit a son charme et c’est avec une certaine
émotion que nous quittons le héros. Il faut dire que Neil Gaiman sait y faire
pour créer une atmosphère prenante ; même quand l’histoire fait du sur-place
et que l’abandon n’est pas loin, on a du mal à renoncer à cet univers.
Un autre de ses points forts est le choix de personnages
morts ; ils permettent de souligner la différence de Bod dans cet
environnement, son appartenance à un autre monde. Tous les amis de Bod sont
morts et le garçon a beau savoir qu’il n’est pas comme eux, dans la pratique il
a dû mal à l’oublier puisqu’il n’a quasiment connu qu’eux.
Cela reste un livre à destination des enfants qui peut
difficilement prétendre élargir son lectorat aux adultes, tant il est marqué
par la découverte de la vie par un enfant de 1 à 15 ans.