7 femmes – Lydie Salvayre
Éditions Perrin, 2013,
240 pages
(existe en poche chez Points - superbe couverture)
(existe en poche chez Points - superbe couverture)
Lydie Salvayre a choisi sept femmes pour qui « écrire est toute la vie », peu
importe que le contexte soit peu encourageant, l’écriture étant la vie et non son
supplément.
Bien qu’elle ait relu leurs œuvres, journaux,
correspondances et biographies avant de se lancer dans ce livre, Lydie Salvayre
ne cherche pas « à dévoiler un
secret ou corroborer une hypothèse savante car l’exercice est vain et stupide ».
Mais elle qui pendant longtemps considéra que connaître l’auteur était inutile
pour comprendre l’œuvre a vu son opinion évoluer tant les existences de ces
femmes sont liées à leurs œuvres : « vivre et écrire sont la même chose. »
Précisons que ces courts textes contiennent de nombreux spoilers, en particulier l’intrigue de Hurlevent dont les grandes lignes sont
intégralement présentées (c’est le seul livre ainsi exposé mais il serait
dommage de lire le texte consacré à Emily Brontë sans avoir lu son roman au
préalable).
> C’est un livre intéressant sous de nombreux aspects,
que l’on aime déjà les auteurs en question ou que l’on souhaite les découvrir
ou du moins que l’on ait un minimum de curiosité à leur égard. En effet, bien
que l’ensemble soit consacré uniquement à des femmes, l’essentiel est centré
sur chaque personnalité, chaque destin (malheureux très souvent). Ainsi, plus
qu’un intérêt pour la littérature écrite par des femmes, c’est une curiosité
pour ces femmes-là qui est nécessaire afin d’apprécier pleinement l’ouvrage.
> Les textes sont particulièrement agréables à lire parce
que l’auteur écrit non pas pour en remontrer au lecteur mais dans un souci de
partage. Elle s’y dévoile et raconte comment telle œuvre l’a touchée, comment
par exemple la découverte de Colette et d’Emily Brontë au même âge lui a donné
à voir deux façons d’appréhender l’amour et d’en parler. Cela confère un
supplément d’âme au propos, créé une relation complice avec le lecteur et fait
souvent rire, Lydie Salvayre pratiquant l’auto-dérision avec grâce.
> Pour autant, le livre n’est pas une succession
d’anecdotes. Il s’agit bien de faire connaissance avec ces femmes et leurs
œuvres et des circonstances qui les entouraient. Toutes étaient animées d’un
vif désir d’indépendance que, selon les cas, elles purent ou non assouvir.
Toutes considéraient l’écriture comme une nécessité : il n’y avait pas la
vie et l’écriture mais une fusion des
deux.
Si Colette semble l’exception, il est vrai que ces femmes
avaient bien des points communs.
C’est un livre assez plombant, mais très
enrichissant aussi, et qui souligne à quel point ces femmes étaient habitées
par l’exigence que requiert l’écriture, celle qui se confond avec la vie, qui
refuse les compromis, et qui n’a cure des modes, des techniques et autres
ficelles supposées mener à la gloire.