Les âmes égarées – Joseph O’Connor

Les âmes égarées – Joseph O’Connor
(Where Have You Been ?, 2012)
Phébus, 2014, 295 pages
Traduction de Carine Chichereau


Ce recueil est composé de sept nouvelles et d’une novella ; il est dédié à Dermot Bolger.


La première nouvelle, The Wexford Girl, est triste et drôle à la fois ; c’est un hommage au père. O’Connor a su trouver les mots justes, le ton parfait et il a relevé le tout avec des expressions et remarques absolument formidables.

Mort d’un serviteur de l’Etat est lui aussi un texte plein d’émotion, de tendresse et de douleur. Il met encore une fois en scène un fils et son père dont le premier dit du second : « Les hommes de son âge ont du mal à se livrer. Ils n’ont pas l’habitude qu’on les interroge sur leurs sentiments, n’ont pas les mots pour répondre. » Rien de nouveau dans ces mots mais une façon de les poser, de faire simple, qui touche bien plus que toutes les fioritures pseudo-psychologiques dont trop de livres nous assomment.

Orchard Street, à l’aube est un texte dont la portée m’a paru très forte, bien éloignée des sentiers battus. Cette nouvelle parle diablement bien de ces émigrés qui sont partis pour les Etats-Unis en quête d’un avenir meilleur, si ce n’est pour eux au moins pour leurs enfants. La tristesse et la dureté de la vie sont bien rendues, cela sans misérabilisme. J’ai lu ce texte comme un hommage aux anonymes, à tous ceux sur lesquels on n’écrit pas de livres parce que leurs vies n’ont rien de flamboyant.

Les autres nouvelles sont moins marquantes sans être mauvaises pour autant et l’une d’entre elle propose une très belle fin.

Quant à la novella (Un garçon bien-aimé) qui compte dans les cent pages, elle m’a paru bien longue et d’une banalité à peine croyable après les autres textes. Seule la dernière partie, dédiée au père du personnage principal, éveille l’intérêt ; c’est comme si l’histoire commençait enfin, sauf que c’est trop tard.


Joseph O'Connor apparaît dans ce beau recueil comme un écrivain fin, sachant décrire les sentiments avec pudeur et créer des personnages à potentiel.