Where’d You Go, Bernadette? – Maria Semple
W&N, 2012, 336 pages
(VF : Bernadette a disparu – existe en poche)
Bernadette Fox a une personnalité difficile à cerner, surtout pour ceux qui
se nourrissent de préjugés. Il est vrai que depuis son arrivée à Seattle avec
sa famille ( son mari est un génie de l’informatique travaillant dans la grosse
entreprise de la région que je ne citerai pas, le livre lui faisant
suffisamment de publicité à mon goût, et Bee, leur fille adolescente est elle
aussi douée), Bernadette a du mal à trouver sa place.
Le livre est construit comme un
patchwork à partir de documents très divers présentés néanmoins de façon
chronologique et visant à donner une idée de la personnalité de Bernadette, le
tout entrecoupé de parties narrées par Bee. Car, comme l’indique le titre,
Bernadette a disparu, et Bee compte bien retrouver sa mère.
Si ce roman n’est pas un chef d’œuvre, il n’en reste pas moins un vrai
bonheur de lecture quand on a besoin de se
relaxer sans pour autant subir une lobotomie. Surtout, il est bien meilleur
que l’idée que je m’en faisais initialement. Certes l’histoire est charmante et
rafraîchissante, mais elle est aussi très profonde sous certains aspects ;
c’est cela qui me laisse à penser qu’elle vaut la peine d’être lue
Les personnages sont attachants (ou pas) ; ils sont bien caractérisés
et l’histoire nous rappelle combien la société a des difficultés à accepter les gens différents (si la
famille est composée de génies, aucun de ses membres n’en fait une affaire et cela
participe grandement à l’attachement que l’on ressent envers chacun d’eux,
surtout en ce qui concerne Bernadette et Bee).
Le livre souligne aussi (et ainsi) la place de la famille et plus
particulièrement de l’amour viscéral qui
peut unir une fille et sa mère (et inversement), cela de façon
intelligente.
En définitive, sous ses airs légers, c’est un roman tendre et rude à la fois. Il se lit avec grand plaisir
bien qu’il soit très « américain » sous certains aspects (ce n’est
pas un compliment de ma part), mais si l’on choisit le moment adéquat, il
remplit parfaitement son contrat.
A noter que l’auteur lance, l’air de rien, quantité de piques sur la
région. Il m’a été rapporté par une personne y ayant vécu et ayant travaillé
dans la célèbre entreprise qu’elles étaient justifiées. C’est une chose que
j’aurais aimé savoir avant ma lecture car cela rajoute du piment et rend le
livre d’autant plus hilarant.