The Garden
of Evening Mists – Tan Twan Eng
Canongate Books, 2012, 351 pages
(VF : Le
jardin des brumes du soir, 2016, Flammarion)
“On a mountain above the clouds once lived a
man who had been the gardener of the Emperor of Japan .”
Malaisie. L’histoire débute alors que Yun Ling, connue désormais
sous le nom de Juge Teoh, prend une retraite anticipée. Elle retourne à l’endroit
où l’on pouvait voir Le jardin des brumes du soir, désormais abandonné. Ella a
une maladie dégénérative qui touche la mémoire et le langage ; Yun Ling
est terrifiée et ne sait que faire. Elle finit par décider de rédiger son
histoire avant qu’il ne soit trop tard.
Ce roman, shortlisté à l’époque
pour le Booker Prize, est superbement écrit et élégant.
L’histoire se déroule
principalement dans les zones montagneuses pendant l’Etat d’urgence (1948-1960)
au cours duquel les rebelles agissant sous l’impulsion du parti communiste
menaient une guérilla contre les forces anglaises pour les expulser du pays.
Jeune, Yun Ling avait été
internée dans un camp japonais avec sa sœur qui n’a pas survécu ; elle veut créer un jardin japonais à la
mémoire de cette sœur qui les aimait beaucoup.
Ainsi, Yun Ling décide de
contacter un célèbre jardinier qui travailla pour l’empereur du Japon et qui
vit non loin d’une plantation de thé située à la limite de la forêt tropicale.
Il est facile de se cacher dans
cette zone et les forces communistes y sont très actives.
Si le jardin niché là a pour
vocation d’être un lieu de paix, il ne peut exister sans le paysage
environnant. D’ailleurs, Arimoto a conçu ce jardin selon les règles japonaises
de l’art des jardins qui implique d’utiliser le paysage existant. En miroir, c’est
la complexité de nos vies faites de l’enchevêtrement de plusieurs lignes, de
tous les événements qui nous arrivent et de notre environnement qui se retrouve
dans la conception du jardin.
La culture japonaise est très présente dans ce roman, pour le pire
et pour le meilleur.
Yun Ling pense trouver chez
Arimoto une façon de faire la paix avec son passé. Elle apprendra que la mémoire et l’oubli sont indissociables.
Tout le roman est centré sur ce thème même s’il n’émerge que progressivement.
D’une façon générale, ce qui
marque lors de la lecture, c’est la subtilité de la narration qui mêle
habilement plusieurs fils. Entre son premier roman, The Gift of Rain (non traduit), et celui-ci, Tan Twan Eng a significativement
progressé.
Les personnages sont complexes, surprenants, et leurs secrets ne seront
révélés que très tardivement.
Le contexte politique tient une grande place lui aussi ; si au
début le lecteur connaissant peu cette région et son histoire peut être un peu
perdu, on finit par comprendre clairement les tenants et les aboutissants. Il
est d’ailleurs enrichissant de se pencher sur ce versant de la Seconde guerre
mondiale et de ses suites, peu connu des Occidentaux.
C’est un livre que je recommande vivement,
un véritable coup de cœur.
“I watch the heron circle the pond, a leaf
spiralling down to the water, setting off silent ripples across the garden.”
2013 Man Asian Prize