Julliard, 2012, 180
pages
Dans ce recueil de neuf textes,
Fouad Laroui reprend des thèmes qui lui sont chers : l’identité (généralement
dans l’exil), le regard (condescendant) des pays occidentaux envers ceux du
Maghreb (ce qui ne l’empêche pas d’égratigner les Marocains), les inégalités
entre les nantis et les autres, etc.
Comment trouver sa place dans le
monde quand on n’est pas « d’ici », quand on apprend que notre lieu
de naissance n’existe pas, que l’on est jugé sur notre apparence, que la
bureaucratie étouffe l’humain ? Comment donner le change sans se perdre un
peu ?
Fouad Laroui évoque tout cela et
bien plus avec sa verve habituelle
qui, bien que justifiée quand il recrée des dialogues de « café de commerce »,
peut être fatigante à la longue (mais quelle capacité à rendre la vivacité de
tels échanges !)
Ce qui peut tromper avec cet
écrivain, c’est qu’il semble raconter des histoires sans grande
envergure ; il adopte un ton qui transforme tout sujet en comédie. Or la
surface cache toujours une réelle profondeur qui nécessite que le lecteur fasse
preuve de vigilance. Rien n’est gratuit dans ces propos et, plutôt que de
tomber dans l’amertume, Laroui choisit l’humour pour mettre en relief nos
faiblesses bien humaines et nos fragilités. Il n’enfonce pas les portes
brutalement mais montre les fissures avec subtilité.
Fouad Laroui est un écrivain qui
me semble peu lu alors même qu’il est très fin et qu’il sait mettre son
intelligence avec humilité au service de la littérature. Il le démontre une
fois de plus dans ces textes à la fois cocasses et sérieux mais, surtout,
toujours marqués du sceau de l’humanisme.
Prix Goncourt de la nouvelle 2013